Compagnie des écrivains de Tarn-et-Garonne

L'AMANTE RELIGIEUSE

Pendant le deuxième confinement il a été demandé aux femmes et hommes Compagnons écrivains de faire part par écrit (prose ou poème) de leur ressenti face à une toile de Jean COLADON.

Elle est intitulée : "L'AMANTE RELIGIEUSE"

 

 

L’amante religieuse prie ….

 

Le ciel est bleu, réveille-toi !

 

Pourquoi dors-tu si tard mon Apollon lascif ? 

Laisse tes bouquins, ces précieux incunables, 

Viens folâtrer dans l’herbe fraîche, sous les ifs,  

Et nous regoûterons des joies inavouables ! 

 

Pourquoi un tel abattement ?

 

Je sais ! la funeste Lysanxia t’a bercé 

Et t’a précipité dans les bras de Morphée 

Pour moi, de ton sommeil, le mystère est percé, 

Ce toxique cachet est une perfide fée ! 

 

Rêves-tu au moins de moi ?

 

Réveille toi donc, vois, je suis nue et belle ! 

Prête à te consoler du vide de ta vie, 

En baisers féroces et exquises querelles, 

Viens, assouvissons nos furieuses envies ! 

 

Ô le bel indifférent !

 

J’ai un projet pour nous mon étrange Apollon !!! 

Quittons les terres de Maître Coladon, 

Envolons-nous dans les nues de Jean-Michel Folon, 

Nous enivrer d’air pur au dessus des vallons ! 

 

Tu ne m’aimes donc plus ?

 

Alors partons là bas revoir les tours antiques !… 

…. Tu ne m’écoute plus !!!...Tu ne réagis plus !!! 

Je vais sévir encore, ô mon égocentrique ! 

Et là, de ta carcasse il n’y aura de surplus !

 

                         ●   ●   ●

 

Il ne te reste plus comme consolation , 

Que d’un chat gourmand la réincarnation !

 

Marie-France Allègre

 


 

Une nouvelle de Gérard Garric

 

L’AMANTE RELIGIEUSE

 

 

 

Ouah ! Que puis-je dire en regardant cette peinture de … je ne me souviens plus du nom de l’artiste !

 

Première impression   : agréable pour l’œil, à cause des couleurs vives et assez « pétaradantes » que j’ai toujours préférées aux teintes tristes et monotones des pastels déprimants. Bref affaire de goûts…

 

Deuxième sensation : malgré la gaité et la vivacité des teintes, on ressent… enfin je ressens une atmosphère assez inquiétante, mystérieuse et peut-être tragique.

 

Troisièmement, je fais l’inventaire des objets du tableau. Qu’est-ce donc ce « truc » de couleur rouge et bordeaux à côté de la pile de livres ? Une cucurbitacée ? Une grosse larve d’une bête mythologique ? Un casque avec visière ? Et ces petites touches blanchâtres entre les cuisses de l’amante et le linge blanc ? Hein ! Késaco ? Des cailloux ? Des pierres précieuses ? Des pilules aphrodisiaques ? Des pastilles contre la toux ? En arrière plan deux édifices, le plus éloigné évoque pour moi un château des Carpates, genre Dracula et l’autre une bâtisse religieuse désertée, à l’abandon et fantasmagorique. Deux chiens gambadent et semblent jouer. Il y a aussi un gant assez patiné et un paquet de gauloise vide. Je ne sais ce que représente cette forme bizarre au fond et à l’extrême droite du tableau.

 

La pile de livres me fait penser au « nom de la rose ». Allez donc savoir pourquoi ! Les feuillets entre les livres sont-ils des factures ? Des écrits testamentaires , des ordonnances médicales ? Des billets doux ? Visiblement la scène se passe en hauteur d’une plage et bientôt, il risque de pleuvoir, vue l’arrivée de gros nuages à droite de l’écran. Oui j’ai bien dit « écran » ! Car à partir de là, je vais me faire mon cinéma, afin de vous transmettre mon analyse toute personnelle de cette œuvre picturale. Je jure que je ne suis pas sous influence de cannabis, ni de Jack Daniels encore moins de camomille-menthe !

 

 Accompagné de ses chiens, notre héros est allé se promener du côté de chez Dracula sans crainte ni peur. En fait le château était inoccupé et l’homme en fouillant dans les pièces du château a trouvé quelques ouvrages de valeur, ainsi que des factures d’EDF et de Télécom datant des années 1825-1826. il s’est arrêté sur la plage et parce que le temps le permettait encore, il s’est baigné. Après cette baignade, il continua son chemin, oubliant ses vêtements sur la rive, mais emportant livres, factures et son paquet de clopes. Après avoir parcouru quelques mètres, il se retrouva un peu en hauteur, et un peu fatigué, il s’assit et se mit à lire, quelques passages des livres récupérés, tout en fumant clope sur clope. Il ne se rendit pas compte, pris par sa lecture à voix haute et dissimulé sous l‘épais nuage que faisait la fumée de ses cigarettes, qu’une superbe jeune fille s’était dénudée et allongée devant lui captivée par sa vox. Elle l’écouta d’abord avec admiration, avec amour et curiosité, mais fut de plus en plus agacée et irritée par cette litanie inintéressante et fastidieuse.

 

Notre héros étant fort beau garçon, et nu de surcroit elle avait forte envie d’amour et d’étreinte. Elle se jeta sur lui soudainement, alors qu’il venait de ranger ses livres, les emplilant, et telle une furie, se mit à le bousculer de ses assauts sexuels , immodérés ! Elle lui fit même prendre une de ses pilules magiques, mais notre héros, ne s’appelant pas Siffredi, s’affala inanimé, épuisé, râlant de tout son saoul, complètement K.O. Inassouvie et frustrée, la belle se transforma alors en une bête furieuse, en un insecte géant, une mante religieuse gigantesque.

 

Avec ses pattes nerveuses, ses mandibules acérées et son appétit vengeur, elle le dépeça goulument et le dévora avec gourmandise et lubricité.

 

 Triste aventure, n’est-ce pas ? 

Gérard Garric 

  


Une nouvelle de Marie-France Vainguer-Allegre

 

L’amante religieuse

 

Grand Journal du 16 juin 1892

 

Disparition confirmée de l’entomologiste Jules BOURDON

 

Dans nos dernières colonnes nous avisions nos lecteurs de la disparition du célèbre entomologiste Jules BOURDON lors de son voyage d’étude en solitaire en territoire Schiguan, une enclave située entre Cochinchine et Annan. On rappelle qu’après l’immense succès de son dernier ouvrage « Cocons et papillons » il est parti seul en repérage au mois mars en vue d’organiser une future expédition entomologique d’envergure sur une espèce très rare de mantes religieuses à l’aspect qui serait curieusement anthropomorphe. On se souvient qu’il avait échappé de justesse, il y a trois ans, à un mal microbien virulent inconnu en nos contrées civilisées en visitant un élevage intensif de vers à soie dont les gastronomes asiatiques sont friands.

 

Ainsi l’inquiétude monte à son sujet, d’autant plus que l’impétueux savant, sinologue à ses heures, doit être dans l’impossibilité de communiquer depuis cette région enclavée totalement inconnue, si ce n’est par des rumeurs sur sa nature atypique et arriérée.

 

Que nos lecteurs se rassurent, nous ne manquerons pas de donner des nouvelles de ce sympathique spécialiste passionné dès que nous aurons des informations.

 

Grand Journal du 20 août 1892

 

Enfin des nouvelles de Jules BOURDON !

 

C’est grâce à nos confrères britanniques du « Daily Télégraph » que nous avons enfin des nouvelles de Jules BOURDON célèbre entomologiste disparu depuis trois mois en territoire Schiguan. Nous remercions John Oddy , le perspicace Rouletabille anglais, qui a réussi l’exploit de localiser notre concitoyen, lequel vivrait ces derniers mois de bien étranges et inquiétantes aventures. Mais pour des raisons déontologiques nous attendons de plus amples précisions afin de ne pas alarmer inutilement nos lecteurs. La Présidence de la République a entamé des pourparlers qui s’avèrent difficiles avec les autorités du Conseil colonial qui tiennent à rester prudentes compte tenu des relations franco-chinoises actuelles.

 

Nous espérons vous donner rendez-vous très prochainement dans ces colonnes afin d’éclaircir cette énigme qui préoccupe notre pays et la famille de Monsieur BOURDON.

 

Grand Journal du 15 décembre 1892

 

De retour de Chine Jules BOURDON s’exprime enfin !

 

Nous sommes heureux de publier en exclusivité le récit de la malheureuse aventure qu’a vécu au cours de ces derniers mois notre célèbre savant entomologiste Jules BOURDON. Après quelques jours de repos bénéfiques en la Maison de santé du Docteur Capmais-Doll son ami psychiatre à Paris, notre concitoyen a annoncé qu’il allait rédiger les péripéties de son voyage d’étude et reprendre les rennes de son laboratoire à Toulouse. Nous le remercions vivement d’avoir bien voulu réserver ses premières déclarations au « Grand Journal », et c’est volontiers que nous en portons quelques unes à la connaissance de nos lecteurs .

 

« Pour des raisons diplomatiques, je passerai tout d’abord sur les multiples manœuvres et tractations qui ont été nécessaires à mon rapatriement et les divers remerciements que j’ai bien évidemment présentés.

 

A mon arrivée à Chi-O-Tsen au centre du territoire Schiguan, j’ai été ébloui par la superbe luxuriance des acajous roses, et par le lac Yugong d’une pureté d’aigue marine, c’était le décor rêvé pour admirer aussi la beauté singulière de ces femmes farouches aux tenues chamarrées, leurs interminables tresses sortant de cornettes incrustés d’argent et de perles de corail.

 

         Malgré ce charme indéniable il fallut me mettre au travail puisque Maître Li-Sung m’attendait dans son vaste insectarium. J’observais cette faune locale méconnue qui suscite tant ma curiosité, mon admiration, mais qui par la suite, vous le constaterez, provoquera aussi ma crainte. Je pris énormément de notes et de croquis, espérant rédiger un ouvrage plus tard.

 

Me penchant sur les étonnantes mantes orchidées prédatrices des papillons, je fis remarquer à Maître Li-Sung que j’étais venu surtout pour observer une certaine espèce de mantes religieuses qui, m’a-t-on dit, ont un aspect anthropomorphique. Il me regarda avec étonnement et puis, avec ce petit rire malicieux propre aux Asiatiques, il me conseilla de parcourir les alentours avec patience, de prier ma divinité de prédilection, et me souhaita d’être chanceux pour les apercevoir. Il ajouta enfin qu’il doutait de pouvoir un jour en posséder un exemplaire ! …

 

Nous poursuivîmes nos échanges passionnants et puis un jour je pris congé de Maître Li-Sung . Je rangeais mon matériel , mes carnets de notes et mes croquis avec l’intention de parfaire ma connaissance de ce petit territoire...

  

Au hasard de mes promenades, j’entrais un jour par curiosité dans une sorte d’oratoire qui m’intriguait . Là, une dizaine de nonnes étaient prostrées en méditation. Pour ne pas déranger ce recueillement statique, je ressortais, mais alors une des femmes qui s’était retournée me demanda de rester en gardant le silence...Dans cette pénombre éclairée d’une dizaine de bougies, je fus peu à peu envahi par une paix intérieure. Allais-je me convertir au bouddhisme ?

 

Décidemment non, car ce moment serein proche d’un demi sommeil fut interrompu par les rires de ces jeunes nonnes. Je leur expliquais que j’étais désolé de mon intrusion. Je fus rassuré par l’une d’elles dont la coiffe imposante d’un vert lumineux marquait assurément une supériorité hiérarchique. S’approchant tout près de moi, peu farouche, elle fondait son regard mystérieux dans le mien comme pour pénétrer mon esprit. En même temps je fus séduit par ce parfum de musc et santal qui me séduit tant....

 

J’étais fasciné, comme sous l’empire d’un coup de foudre inexplicable, hors de l’espace et du temps… Je ne m’appartenais plus, j’étais comme dans un autre monde…Me disant doucement « venez ! », elle m’entraîna vers l’extérieur avec ses longs bras gantés de soie verte assortie à sa coiffe. Je fus surpris car le soir tombait, je ne reconnaissais plus les lieux et j’ignorais où nous allions…D’une voix douce elle prononçait les mots d’une mélopée parfaitement accordée aux légers tintements de ses bijoux. J’étais sous son charme, cela m’ôtait toute volonté de réveil dans ce songe éveillé.

 

Une fois dans sa yourte, cette femme que je considérais comme une sorte de grande prêtresse se transforma peu à peu à ma grande surprise en une initiatrice des plus profanes tout en gardant son allure altière. Je la regardais allumer des lampions de parchemin de différents verts : jade, émeraude, amande…dont la lumière magnifiait son corps sculptural d’une aura quasi ésotérique.

 

Elle m’offrit un verre d’une liqueur transparente, que j’appréciais après une légère hésitation, car j’avais soif. Voilà une nonne qui a de bien curieuses pratiques religieuses ! me dis-je. Mais cette interrogation était peine perdue, c’était trop tard, cette créature, à la beauté à la fois hiératique et enivrante était là tout près de moi, elle s’était emparée de moi.

 

Avec un sourire énigmatique elle me pria de m’allonger sur une des nattes. Elle quitta ses bracelets, ôta sa coiffe, dénoua et peigna ses tresses qui ondoyèrent en vagues souples tout le long de son corps. Sans que je sois surpris elle acheva de se dévêtir et puis s’allongea à même le sol en ne me quittant pas du regard . La douce torture du désir acheva de m’ôter la raison et je pris possession de ce corps à la fois charnel et mystérieux qui partagea ma jouissance sublime avec avidité …Mais soudain, au moment où j’allais sombrer dans le sommeil, ma belle indigène, loin de me témoigner une tendre gratitude, s’empara de moi bec et ongles ! « je vais te dévorer ! » disait-elle, les yeux exorbités en plantant ses ongles dans ma chair. «  Toi l’Européen , tu me plais mais tu vas regretter d’avoir pénétré mon pays, ma demeure, mon ventre ! »

 

Avec une force inattendue, incroyable, elle enserrait mon cou, qu’elle mordait jusqu’au sang, je voulus m’échapper mais elle paralysait mes bras par les coussins et ses jambes puissantes enlaçaient les miennes comme si ce fut un terrible cobra. Elle me dévorait littéralement, une morsure plus douloureuse, insupportable, me sortit tout à fait d’un reste de torpeur.. Soudain je pris peur et me mis à crier. Elle me bâillonna puis, avec un petit rire railleur, elle desserra l’étreinte et la resserra plusieurs fois alternativement comme par jeu. Je pris conscience que j’étais victime d’un être pervers, peut être sauvage, qui, abandonnant l’empire d’Eros sombrait sous celui de Thanatos. Retrouvant ma lucidité je m’écriais :« La mante religieuse ! » .

 

Ainsi c’était cela ! …Mon énergie fut décuplée car je connaissais le rite ancestral instinctif de cet insecte après l’accouplement, aussi je m’arrachais avec vigueur à cette créature étau . »

 

 

 

Nous arrêtons ici le témoignage de Jules BOURDON sur l’étrange expérience qu’il a vécu et qui, vous le voyez, a failli lui coûter la vie. Sans doute, chers lecteurs , retrouverons-nous la suite de son aventure en terre asiatique dans l’ouvrage qu’il ne manquera pas de publier.

 

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EPILOGUE

  

Grand Journal du 1er mars 1893

 

 

Rebondissement dans l’affaire Jules BOURDON !

 

Nous apprenons de source vérifiée que l’épouse de Jules Bourdon, née Yvonne-Marie de Mièvre, vient de déposer une requête en divorce pour adultère. Elle accuse son époux de l’avoir trompée lors de ses pérégrinations en pays Schiguan. Elle lui reproche en outre de se comporter depuis lors en époux tyrannique dans l’intimité du couple.

 

Nous ne manquerons pas de vous informer, chers lecteurs, de la suite de ce surprenant rebondissement.

 

Marie-France Vainguer-Allègre

 


L’amante religieuse.

 

C'est un sujet scabreux

Qui chez les bienheureux

Fait dresser les cheveux.

Elle semble curieuse,

Sans doute malicieuse

L'amante religieuse.

 

Ne peut être concurrente

De la religieuse mante;

Son humaine condition

L'oblige à moindre ration,

Mais pour le bel ADONIS

Ce sont là de bons prémices.

 

L'histoire ne nous dit pas

Ce qu'ensuite il se passa

Il nous faut en rester là.

Nelly BOUCHERON-SEGUIN


L’amante religieuse.

 

C'est dans cet Eden verdoyant

Que souffle le vent du désir.

Comment résister à l'amant

Qui, pourtant, semble s'alanguir.

 

Et là, tu te voiles la face,

Impertinente religieuse, 

Alors que tout ton corps n'efface

Tes velléités d'amoureuse.

 

Tu n'as de pattes ravisseuses

Pour saisir la future proie

Comme cette mante croqueuse

Avec laquelle elle festoie.

 

Mais ton attitude lascive,

Ton principal et bel appât

Dans une ultime tentative

S'exacerbera en ébats.

Nelly BOUCHERON-SEGUIN

 


L’amante religieuse.

 

Le printemps frappe à la fenêtre 

                                       et s’invite au jardin de l’Eden. 

Eve subissant la poussée de la sève 

                                       se greffe sur la tête et au bout de ses doigts

 

Des feuilles improbables 

                                       qui connaîtront le goût de la chair 

                                                                         et le poids de la mort. 

 

Coquette et aguichante 

                               elle rampe comme le serpent de la tentation 

Et religieusement et de passion dévorante 

l’amante se prépare

                                       au dernier acte de l’amour éternel… 

                                                                                           et consommé. 

Car elle sait qu’elle ne vit que d’amour et de mort fraîche ? 

 

Pourtant l’Amour n’est –il pas le miracle de la Vie ?

 

 

 

L. ENDERLI 

                                   2 décembre 2020

 


 

L’amante religieuse

 

               Elle a pris mes baisers,

               Elle a pris mon whisky,

               Elle a pris mes gamètes,

               Elle a pris ma carte gold,

               Elle a pris mon brevet,

               Elle a pris mon chapeau,

               Et puis elle est partie,

               Sans me regarder,

               Sans se retourner….

               Sans me rappeler…

               Jamais….

               C’est une futée…

               Elle l’a eu son bébé !

 

(Clin d’œil à Mr Prévert)

M-France Allègre

 


 

Prends bien garde fillette

 

Dieu de la guerre Mars a perdu sa superbe.

Le casque est à ses pieds avec bottes et gants.

Sans aucun vêtement il s’allonge dans l’herbe

Avec pour compagnie ses livres et romans.

 

Il baisse le regard pour éviter le pire

Car des yeux envoûtants à l’éclat sans pareil

Le fascinent autant qu’un dangereux vampire

Le plongent dans la nuit, effacent le soleil.

 

Ce sont ceux de vénus aux couleurs d'émeraude ;

Mère de Cupidon elle a touché son cœur.

Elle allonge le bras, se tortille et minaude

Pour mieux le torturer, multiplier sa peur.

 

Prends bien garde fillette à l’homme que tu chasses ;

Il est dieu de la guerre et donc maître ici-bas

Ton charme n’agit pas et tu perdras la face ;

Il fait semblant ce jour de quitter le combat.

 

Andrée CHABROL-VACQUIER

 


      

       Amantis maliciosa

 

L’amante religieuse… ment :

Feindre d’amour une parade

Pour occire son camarade…

         Malhonnêtement.

 

L’amante vicieuse détend

Ses griffes : sa proie gesticule,

Qu’elle brise et suce et macule…

           Maladivement.

 

L’amante obscène rêve au temps

Futur, lorsqu’une autre conquête

Ploiera devant cette coquette…

           Maladroitement.

 

Toi, l’amant, fuis ce vil tourment,

Va, supplie qu’Éros ne t’empale,

Mais Destin vise un dernier râle…

            Malicieusement.

 

De telles moeurs ta vie dépend :

Mâle, repousse l'apparence

Flatteuse en cette circonstance

    Malheureusement.

 Norbert SABATIÉ 


Mante Lubrique

 

Ô perfide lubrique, laisse cet homme en paix.
Sa nudité t’attire mais laisse-le se reposer.
Vois comme il le mérite bien après avoir bien médité !


Serpent de l’Enfer, Eve rampante, mante affamée,
Diablesse aux charmes à tout vent, dévoilés,
Ton mâle choisi et visé, bien empressée de te l’approprier,
D’en profiter et de l’ajouter à ton menu du déjeuner !


Ogresse femelle, laisse cet homme souffler,
Dans sa sagesse, il l’a bien mérité.
Et toi, « retro satanas », nymphomane jamais rassasiée !

 

Pierre François Rudent

 


 

Damnés

  

Femme de corps, Femme d'amour 

Femme de cœur, Femme toujours

  

 Sur les cordes de ta guitare 

Dans ton immense répertoire, 

Tu taquines, ou fais souffrir 

Selon l'humeur de ton désir. 

 

Sur ta peau de blanche colombe, 

A ta candeur plus d'un succombe, 

Au miroir de tes yeux troublants, 

Viennent s'y perdre tes amants. 

 

Dans tes amours couleurs moirés 

Les soupirants désespérés, 

Entre ciel et brûlant enfer, 

Damnent leurs âmes a Lucifer.

Robert VILA

 

 


Rondel pour « de rire »

Je suis « l’amante religieuse »
Qui mange tout cru son chéri,
Au premier chant du canari,
En trouvant sa chair délicieuse.


Bien que je sois d’humeur joyeuse,
Je n’aurai jamais de mari.
Je suis « l’amante religieuse »
Qui mange tout cru son chéri.


Sous les yeux d’une aube voyeuse,
Il avait ôté mon sari
Au tissu brillant et fleuri,
Pour caresser ma peau soyeuse.
Je suis « l’amante religieuse ».

 

Marilène Meckler