Compagnie des écrivains de Tarn-et-Garonne

CELINE

CÉLINE, phénomène unique dans la littérature contemporaine

 

   On n’en finit jamais de raconter Louis-Ferdinand Destouches dit Céline (1894-1961) ; aussi une nouvelle étude s’impose après celle du n° 60. Céline a été militaire engagé volontaire en 1912 et blessé en 1914, puis médecin, romancier et pamphlétaire, condamné pour collaboration en 1950. C’est un homme multiple.

 

Son œuvre

   Céline n’appartient pas à un courant littéraire particulier mais il a révolutionné la littérature avec deux chefs-d’œuvre : Voyage au bout de la nuit (1931), Mort à crédit (1936). Ont suivi des pamphlets où ressort son antisémitisme : Mea culpa (1936), Bagatelles pour un massacre (1937), L’école des cadavres (1938), Les beaux draps (1941). Céline renoue ensuite avec son écriture romanesque en publiant Guignol’ Band (1944), Casse-Pipe (1949), Féérie pour une autre fois (1952), Normance (1952), D’un château à l’autre (1957) Nord (1960), Le pont de Londres (1964), Rigodon (1969). Et maintenant en 2022 paraissent deux romans inédits correspondant aux 1200 feuillets manuscrits abandonnés par Céline fuyant Paris pour le Danemark avant l’arrivée des Alliés (voir étude du n° 60).

Guerre (mai 2022) : écrit en 1934, il précédait de peu la rédaction de pamphlets antisémites. Céline nous renvoie constamment à la barbarie collective, toujours d’actualité. À l’Est, c’est la guerre ! Ce roman a moins de 130 pages : c’est certainement un premier jet que l’auteur a peut-être abandonné.

Londres, le second roman (près de 500 pages) est certainement la suite de Guerre. Il nous entraîne parmi les voyous français, expatriés dans la capitale britannique pendant la Première Guerre mondiale. On y entend "la petite musique" de Céline à l’état brut, l’auteur pensant retravailler  son texte qui ressemble à un roman indépendant.

3° De futures publications sont attendues, peut-être celles des pamphlets. Il reste 9 ans pour les rééditer avant qu’elles ne passent dans le domaine public.

 

          Son style

   Nous considérons facilement Céline comme un collabo et nous oublions le styliste génial qui a réinventé l’art d’écrire en français. Si nous le lisons attentivement, nous ne pouvons le réduire ni au nazisme, ni au nihilisme, ni à l’anarchisme. Il est un phénomène unique dans la littérature et son plus proche ancêtre s’appelle Rabelais. Il parle à l’oreille du lecteur grâce à un style, une prose, un langage indissociables des idées. Dans notre Panthéon littéraire il est considéré avec Proust comme le plus grand écrivains du XXe siècle et son Voyage au bout de la nuit est étudié au lycée. Son style est unique car il maîtrise parfaitement le français au point de tordre notre langue, d’en faire une sorte de poème, de nous donner l’impression qu’on "nous parle à l’oreille" pendant notre lecture. Il puise ses sujets dans la vie matérielle et cette matérialité il la transpose aux mots qu’il emploie dans lesquels il plonge ses mains nues. Pour lui, la vie est une "pâte" à travailler. Cette vision de l’écriture est liée au fait qu’il est médecin (sa thèse est son premier grand texte littéraire), qu’il a côtoyé la maladie et la mort et, en outre, a vécu la boucherie de la Grande Guerre.

   Pour restituer l’émotion de la langue parlée, il utilise des points de suspension, de l’argot, un langage non populaire mais à sonorité populaire. Par les mots il veut se venger de ses lecteurs à qui il reproche un goût pour l’inesthétique et des auteurs médiocres, se venger de l’échec commercial de Mort à crédit et de sa non-obtention du prix Goncourt. Ce besoin de vengeance le conduit à pratiquer une forme d’auto-caricature comme dans Féérie pour une autre fois, Normance, D’un château à l’autre qui sont presque illisibles parce que décousus et pleins d’onomatopées.
   Incontestablement Céline est incontournable à cause de son style. Il veut utiliser le langage de la vérité quoi qu’il en soit. Le dessinateur Tardi l’a bien compris : il ne donne pas des visages aux personnages mais des trognes. Notre compatriote-graveur Marc Dautry a aussi illustré le Voyage au bout de la nuit (voir ci-après). Comme naguère les Indiens Jivaros, Céline aimait à réduire les têtes pour laisser apparaître la grimace du monstre sur le visage humain. Pour cela, il utilise des procédés bien à lui. Il dénonce les mensonges de l’idéal, le hiatus entre la réalité atroce des combats et la « poésie héroïque » dont on emplit les oreilles des soldats pour les conduire à la bravoure. Il préfère la lâcheté parce qu’elle est réflexe de préservation : « Il n’y a que la vie qui compte », dit-il. « Vivent les fous et les lâches ! » Il dénonce les « beaux discours » qu’ils s’appliquent à la mort ou à la postérité. Ce sont pour lui des « discours aux asticots », aux rapports humains qui se réduisent à un dialogue de sourds. Est-il donc un pur matérialiste ne reconnaissant en l’homme qu’un tas de "viande" (ce mot étant souvent employé dans Voyage au bout de la nuit). ? Pas exactement, certains aphorismes céliniens disant la nature duelle, métaphysique et matérialiste de l’homme. En réalité, l’écrivain se moque de nos prétentions à l’absolu.

 

                                                                                                     

Voyage au bout de la nuit par Tardi                                           Bardamu par Dautry                                                Céline par Dautry

 

Il existe d’autres procédés céliniens :

  • la comparaison entre l’homme et l’animal, souvent au détriment du premier. Ainsi, quand Bardamu revient de la guerre, il dit : «Elle était heureuse de me retrouver, ma mère, et pleurnichait comme une chienne […] Elle demeurait inférieure à la chienne parce qu’elle croyait aux mots qu’on lui disait pour  m’enlever. La chienne au moins ne croit que ce qu’elle sent. »
  • l’habitude d’épargner les femmes généreuses de leurs charmes qu’il décrit en termes culinaires ou sportifs, donc toujours rattachés à la "viande". Ainsi parle-t-il de Molly comme d’un « festin de désirs ». Pour lui le don que font ces femmes aux hommes est réel puisqu’il enchante leurs sens.
  • l’habitude d’épargner les enfants car il voit en eux des hommes que les adultes n’ont pas encore imprégnés de mensonges.
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Son écriture

.   Elle est protéiforme, diffère d’un document à l’autre, prend des formes inattendues comme correspondant à une autre personnalité. Elle met en relief une créativité intellectuelle incessante et peut-être épuisante car la force du trait est faible et instable. L’inconscient est puissant et le mental déconnecté du concret méprisé ou méconnu, ce qui peut engendrer des peurs, notamment au niveau du corps et de l’argent. Céline avait en effet l’angoisse de devenir pauvre. L’extrait donné dans le Trait d’Union n° 60 montre que l’auteur ne suit que ses propres règles. Les accents sont supprimés, le corps des lettres est déformé. Le graphisme instable et souvent informe, la zone médiane malmenée mettent en évidence un manque, une partie de soi-même demeurée étrangère, non investie et secrète. Le domaine de la sensation et du sentiment reste dans l’ombre.

 

          Sa personnalité

          Céline ne sait ni donner ni recevoir ; Sa carence relationnelle est compensée par une exaltation intellectuelle qui n’assure pas  la sécurité intérieure. Sa pensée est d’autant plus forte qu’elle se construit sur un manque ou des frustrations. Il est étranger à lui-même et se définit ainsi : « Je travaille et les autres ne foutent rien. » Lucette Destouches qui a partagé sa vie disait : « Il était lointain, il n’était pas là. »

 

          Sa place dans la littérature

Il se sent isolé, raille la préciosité qui domine la littérature française, les « petits romans émasculés de Gallimard ». « Le plus grand écrivain était Rabelais, dit-il, et on ne le comprend plus et pourtant quel prodigieux inventeur de mots ! Le plus important c’est la langue, rien que la langue. »

   Les traducteurs peinent à transposer Céline dans une autre langue, surtout s’ils sont pudibonds, et la première traduction en anglais du Voyage au bout de la nuit en témoigne. Les nombreuses innovations stylistiques sont difficiles à rendre dans une autre langue, les différents niveaux  de vocabulaire utilisés n’ont pas toujours d’équivalents exacts et le rythme d’écriture, sa "petite musique", est difficile à suivre.

   Les versions du Voyage au bout de la nuit  de l’Américain  Manheim et du Britannique John Marks (traduction de référence pendant 50 ans dans le monde anglophone) donnent une idée très imparfaite du style célinien. C’est par sa vision du monde et non son écriture que Céline a influencé tant d’écrivains américains alors qu’il se considérait avant tout comme un "styliste" et que fond et forme étaient à ses yeux indissociables.

   Céline a également influencé le roman noir et des auteurs comme Frédéric Dard ou Michel Audiard, par exemple. Dard disait : « Céline, c’est le patron […] Mort à crédit est le chef-d’œuvre de ce siècle. » Audiard a vraiment rêvé de porter à l’écran Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit.

 

Conclusion

   Comment résumer Louis-Ferdinand Destouches ? Redisons qu’il n’est réductible ni au nazisme, ni au nihilisme, ni à l’anarchisme. Phénomène unique dans la littérature contemporaine, il a pour proche ancêtre Rabelais. Sa plume, son époque, son tempérament l’ont entraîné sur des sables mouvants, mais il demeure un styliste génial toujours étudié, à la "petite musique" inégalable. Il n’a pas réussi à se faire aimer, au sens propre du terme, à cause de son tempérament, de son cynisme parfois, ou de son laisser-aller, mais il a immortalisé le prénom de sa grand-mère, Céline.

Andrée CHABROL-VACQUIER

En Occitanie, tout est matière à poésie

En Occitanie, tout est matière à Poésie

Des troubadours du Moyen Âge aux poètes d’aujourd’hui, la poésie s’écrit, se lit et se déclame. Elle se diffuse partout, à l’hôpital, en prison, dans les gares ou les cafés, nourrit la chanson, le théâtre ou le cinéma. D’ailleurs, chaque année, la manifestation nationale « Le Printemps des Poètes », créée en 1999 par le ministère de la Culture à l’initiative de Jack Lang, rappelle combien elle est essentielle. Dans notre région d’Occitanie, de nombreux poètes ont marqué leur temps et resteront immortels.

Pour plus de lisibilité nous allons procéder par ordre alphabétique des départements.

1°) Dans l’AUDE, Charles CROS naît en 1842 dans les Corbières et rejoint Paris à l’âge de 2 ans. Il participera plus tard à la fondation du Chat Noir où il invente le monologue mêlant absurde et satire. Il écrit « Le Hareng saur », un petit conte pour enfants, alterne poèmes intimistes, parodies et contes, excelle en tout, et les surréalistes le considèrent comme un précurseur.

2°) Dans l’ARIÈGE, Peyre de RIUS (1344-1386), poète de cour, « trobador de dances » et de « cançons », appartenait à la maison du comte de Foix, Gaston Febus. La bibliothèque de Catalogne conserve un chansonnier et l’un de ses poèmes célébrant les trois passions du comte : les armes, l’amour, la chasse. Ce poète serait l’auteur véritable du « Se canta ».

3°) En AVEYRON, on ne peut oublier Antonin ARTAUD (1896-1948) qui publie ses premiers poèmes inspirés de Baudelaire, Rimbaud, Edgar Poe, à l’âge de 14 ans. En 1914, il est atteint de dépression, est envoyé au sanatorium en 1915 et 1916. C’est en février 1916 qu’il publie des poésies dans La Revue de Hollande. Envoyé au Service militaire, il est réformé. Entre 1917 et 1919, il séjourne dans différents lieux de cure et maisons de santé, peint, dessine, écrit et commence à se droguer avec du laudanum (opium). En 1920, sa famille le confie au directeur de l’asile de Villejuif dont il devient le co-secrétaire pour la rédaction de la revue Demain qui disparaît en 1922. Il s’intéresse au théâtre quand il va quitter Villejuif pour une pension à Passy. Il étudie le mouvement Dada, découvre les œuvres d’André Breton, de Louis Aragon, de Philippe Soupault, rencontre Max Jacob qui l’oriente vers Charles Dullin. Celui-ci l’intègre dans sa compagnie où il joue dans plusieurs pièces, tout en continuant à publier des poèmes. En 1923, il se lance dans le cinéma. Sa véritable entrée en littérature commence en 1924-1925 avec ses premiers contacts avec la nrf et sa correspondance avec Jacques Rivière, publiée en 1924. Il adhère au surréalisme (qu’il quittera en 1925 quand Breton envisage d’adhérer au Parti communiste (français). Il entame alors une carrière de théâtre et de cinéma, puis quitte Dullin pour Georges et Ludmilla Pitoëff à la Comédie des Champs-Èlysées, et enfin fonde le théâtre Alfred-Jarry en 1927. Durant l’année 1936, il est interné dans différents asiles jusqu’en 1946. Dans le dernier hôpital, celui de Rodez, il fut traité par électrochocs, et il décèdera finalement d’un cancer dans une maison de soins en 1948. Il disait : « Tous les vers ont été écrits pour être entendus d’abord, concrétisés par le haut plein des voix […] car ce n’est que hors de la page imprimée ou écrite qu’un vers authentique peut prendre sens et il y faut l’espace du souffle entre la fuite de tous les mots. »

4°) Dans le GARD, Èdith AZAM, née en 1973, renonce à l’enseignement pour vivre dans ses Cévennes natales et se consacrer à l’écriture. « Ma poésie, dit-elle, est un champ dont la terre est toujours retournée, elle est aussi un petit feu autour duquel on peut s’asseoir, au bord de nos chers petits fantômes et leur mémoire ricoche sans cesse. » Elle cherche l’expression libre pour approcher l’énigme du monde. Lire Poèmes en peluches (éd. Le port a jauni). 5 1 2 3 4

5°) Dans le GERS, Jean-Baptiste PEDINI, naît en 1984 à Rodez. Maintenant installé à L’Isle-Jourdain, il trouve son sillon poétique après avoir été émerveillé par le poète Pierre Reverdy qui « avec des mots simples exprimait des choses brutes ». Déjà huit recueils publiés.

6°) En HAUTE-GARONNE, Serge PEY, né en 1950, enseignant à l’université Jean-Jaurès à Toulouse-le-Mirail, manifeste la parole poétique sous toutes ses formes. Il pense que la poésie est politique et se dit à voix haute pour clamer à ceux qui entendent qu’ils doivent se réveiller. C’est un poète visuel, un artiste plasticien qui rédige des textes sur des bâtons avec lesquels il réalise ses « scansions » et ses performances ainsi que des installations qu’il nomme « pièges à infini ». De nombreux lieux ont accueilli ses œuvres. Sa poésie est une poésie d’action qui déplace le poème hors du livre. Elle est liée à un combat pour la libération de l’humanité. Depuis le début des années 1980, on le retrouve chaque lundi à la Cave Poésie de Toulouse dans le cadre d’une université populaire de poésie.

7°) Dans l’HÈRAULT, Pierre TOREILLES (1921-2005) effectue des études de théologie et s’engage comme agent de liaison dans les maquis de Haute-Loire et du Vercors. Après la guerre, il rejoint la librairie Sauramps de son beau-père, à Montpellier, et la dirige jusqu’au début des années 1990 tout en poursuivant une œuvre poétique dense couronnée de nombreux prix. Sa poésie rythmée est souvent composée au cours de marches en montagne.

8°) Dans le LOT, Clément MAROT (1496-1544) naît à Cahors, mais son père, normand, l’initie à la poésie et l’emmène vers Paris et la cour du roi Louis XII où il officie comme historiographe. C’est pour lui un arrachement au pays de l’enfance. Son attachement méridional s’imprime sur ses recueils estampillés « Œuvres de Clément Marot de Cahors en Quercy, valet de chambre du Roy ». Il transpose des psaumes en vers et rimes, en offre le manuscrit à François Ier qui le fait mettre en musique sur des mélodies connues. Le succès est alors considérable. Plus tard, la publication de L’Enfer provoque la colère des autorités religieuses et va le contraindre à s’exiler à Genève où il rejoint Calvin, puis à Chambéry et Turin où il décède. 5 6 7 8

9°) Dans le LOT-ET-GARONNE, Jacques BOÈ dit JASMIN (1798-1864), poète et coiffeur agenais, triomphe en 1834 avec le poème « Mous Soubenis »Il est encensé par Nodier, SainteBeuve et glisse de l’inspiration politique aux histoires romanesques évoquant la vie des humbles. Pendant trente ans il donne des récitals, déclame des poèmes dans tout le Midi. Il est 6 le précurseur des Félibres et fréquente les plus grands de son époque comme Napoléon III, Lamartine. « Ò ma Lenga, tot me zo dit, Plantarèi una estèla sur ton front encrumit. » (Ô ma Langue me dit tout Je planterai une étoile sur ton front obscurci.)

10°) En LOZĖRE, Jean-Louis GUIN, à la fin du XIXe siècle, ouvrier aux mines de Vialas, perd la vue à la suite d’un accident et se consacre à l’alexandrin. Il s’inspire de l’histoire des Camisards de Franck Puaux, dicte et apprend par cœur 7000 alexandrins qu’il s’en va réciter dans les foyers des Hautes Cévennes.

11°) Dans les HAUTES-PYRÉNÉES, Christian LABORDE, le magicien des mots natif d’Aureilhan, a ressenti sa première émotion à la bibliothèque de Tarbes avec Verlaine, Pierre Reverdy, Valéry Larbaud. Il a redonné vie à Claude Nougaro qui disait de lui : « Il est mon frère de race mentale : c’est un poète, un homme qui parle une langue de couleurs, à délivrer les grands baisers de l’âme. » Cette langue de couleurs, Christian Laborde la fait sonner sur scène lors de « tchatcheries espatarouflantes » comme À la table des mots et lors de ses one-manshows Poulidor by Laborde et Nougaro by Laborde qu’il joue de Saint-Saturnin-lès-Apt à Pontivy, d’Albi à Carcassonne, de Paris à Saint-Lary. Citons parmi ses œuvres poétiques Congo, Lana-Song. Troubadour de l’Adour. Christian Laborde sait faire, à l’occasion, danser la langue avec ses compatriotes et amis du Sud-Ouest. Il est toujours en guerre depuis presque trente ans contre l’ennemi le plus dangereux qui soit, le désenchantement du monde. Il a été l’invité de la Compagnie des écrivains le 19 janvier 2013 où il a déclamé Plume d’ange de Nougaro avant de raconter la vie et l’œuvre du chanteur par le biais d’une vidéo.

12°) Dans les PYRÉNÉES-ORIENTALES, Michel DESTIEU, né en Lot-et-Garonne en 1958, est installé depuis quinze ans dans les P.-O. où il écrit sa poésie en occitan. Son recueil L’Estre a obtenu en 2011 le prix Paul-Froment en même temps que Chantal Fraïsse, de Moissac, pour son roman en occitan La bèstia de totas las colors.

13°) Dans le TARN, Jérôme CABOT, professeur de lettres à l’université Champollion d’Albi, spécialiste du langage et de l’analyse des discours, articule aujourd’hui sa recherche autour de la création et de la pratique du slam. En nocturne, il est parolier interprète de deux formations musicales : Double Hapax et Stentor.

14°) En TARN-et-GARONNE, Antonin PERBOSC (1861-1944), né dans une famille de métayers, devient instituteur et exerce longuement à Laguépie, puis à Comberouger en Lomagne de 1894 à 1908. Il s’intéresse à la poésie et ses premiers poèmes écrits en français illustrent des idées laïques et libertaires. Avec Prosper Estieu, son collègue du Lauragais, il s’attache « à un travail d’épuration et de reconstruction de la langue d’oc ». Tous deux sont à l’origine de la graphie normalisée de l’occitan, diffusée par l’Institut d’Estudis Occitans. L’œuvre poétique de Perbosc est lyrique, depuis Lo Gòt occitan, 1903 jusqu’au Libre del Campèstre, édition posthume par l’IEO, 1970. Il faudrait ajouter ses Contes, ses Livres des Oiseaux, ses Fablèls... Citons également son ami Théodore Calbet (1862-1949) qui a chanté le secteur de Grisolles en langue occitane. Mais il nous faudrait aussi citer bon nombre d’auteurs français… 9 11 13 14 7

En fait, dans notre belle Occitanie, tout est poésie, du texte des auteurs au geste de l’artisan. Le ciel est bleu, le vent conquérant, la nature luxuriante, la cuisine généreuse et conviviale et l’accent chantant. Comment ne pas être inspiré dans un tel décor ?

Andrée CHABROL-VACQUIER

LES LIEUX D'INSPIRATION

 


Les lieux d’inspiration

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          Les lieux d’inspiration des écrivains nous fascinent. Ils ont tous la même fin, le même but : permettre de couver une œuvre qui prendra un jour son envol. Toutefois ils présentent des formes différentes selon les personnalités

 

          1°) Certains sont liés à la nature, à la marche, au mouvement, d’autres à la position statique, le plus souvent assise. Flaubert écrivait «  On ne peut penser et écrire qu’assis.», ce qui conduisait Nietzsche à le traiter de « cul de plomb ». Sylvain Tesson, le bourlingueur, trouve l’inspiration au cours de ses voyages, notamment à pied, de même que Rousseau écrivait « Seules les pensées que l’on a en marchant valent quelque chose. »

 

          2°) D’autres ont une telle capacité à s’abstraire du monde alentour qu’il leur est possible de composer dans n’importe quel contexte. C’est le cas de Jean-Claude Carrière, disparu en février 2021, qui pouvait travailler sur le quai d’une gare, ou dans la salle d’embarquement d’un aéroport, le cas également de Bernard Werber, l’auteur des Fourmis, qui s’accommode .d’une chambre d’hôtes impersonnelle pour ses heures d’écriture quotidiennes.

 

          3°) D’autres encore, et des plus célèbres, se confinent dans de plus ou moins vastes domaines. C’est le cas de :

-         Tolstoï dans sa maison natale campagnarde Iasnaïa Poliana, refuge de toute sa vie. Il avait installé son cabinet de travail au rez-de-chaussée, dans une petite salle voutée. Vêtu d’une bure de paysan, il était assis devant une table chargée de papiers, entouré de murs, où étaient accrochées une faux et une scie. Dans ce lieu sont nés Guerre et paix et Anna Karenine.

-         Flaubert passa une grande partie de sa vie à Croisset, dans son bureau surplombant la Seine. Il était capable de s’y échiner 16 heures d’affilée, et ne s’en échappait qu’occasionnellement pour de grands voyages en Orient, Italie, Grèce, Afrique du Nord, et pour quelques semaines passées chaque année à Paris.

-         George Sand composa l’essentiel de ses romans au cœur du Berry, dans son château de l’Indre : Nohant.

-         Colette vivait à Saint-Sauveur-en Puysaye (Bourgogne)

-         Et aussi Chateaubriand à Châtenay-Malabry (Ile-de-France), Alexandre Dumas au château de Monte-Cristo (Ile-de-France), Jacques Prévert à La Hague (Normandie), Virginia Wolf à Monk’s house (Sussex, Angleterre) , Pouchkine à Saint Petersbourg, Faulkner à Rowan Oak, Mississipi, les sœurs Brontë à Parsonage (Yorshire, Angleterre), Edith Wharton, première femme à obtenir le Prix Pulitzer, à « The Mount » dans le Massachussetts.

 

4°) D’autres tiennent à séparer la vie personnelle du temps d’écriture : ainsi à Paris Maylis de Kérangal, auteur de Réparer les vivants  a reconverti une chambre de bonne en atelier d’écrivain et s’y rend de 9h à 18h avant de regagner son domicile et de retrouver sa vie de famille ; Maryse Condé, auteur de Ségou, a décidé d’envoyer ses 4 enfants pendant 5 ans chez leur père pour reprendre ses études de lettres.

5°) Certains ont des rituels comme Philippe Jaenada, prix Fémina 2017, qui intègre dans ses journées d’écriture, deux passages quotidiens (17h-18h puis 20h- 21h) dans son bar préféré le Bistrot Lafayette du 10ème arrondissement de Paris, afin de se changer les idées, d’y puiser des sujets d’inspiration. Son tout dernier roman Le printemps des monstres est un pavé de 750 pages.

 

Les écrivains ne possèdent pas tous un domaine ou une maison.

          1°) Juvénal, poète romain, qui évoqua les mœurs de ses contemporains, entre le Ier et le IIe,siècle, écrivait dans la rue car il aimait qu’au moment de composer, ses vers portent la crasse et les odeurs de Rome.

          2°) Le moine Turold, auteur supposé de la Chanson de Roland, travailla certainement dans le scriptorium humide d’une abbaye normande à la fin du XIe siècle.

          3°) Certains ont conçu leur bureau comme un cabinet de curiosités, à la fois source d’inspiration et matérialisation des questions qui les préoccupent :

-         Maxime Chattam, né en 1976, auteur de romans policiers, travaille dans le grand bureau-bibliothèque de Chantilly (Oise) où voisinent lampes en fer, loup-garou empaillé, momie égyptienne, morceau d’épave du Titanic, œuvres d’Edgar Poe, de Tolkien, minéraux et crânes d’animaux. Il nous appartient de chercher des significations dans ces assemblables hétéroclites de l’auteur qui veut percer le mystère de la création.

-         Ray Bradbury (1920- 2012) auteur de fantastique et de science fiction, s’installe dans un bureau immense et confortable qui occupe le sous-sol de sa maison de Los Angeles. Il travaille dans le désordre car il garde tout..

-         André Breton(1896-1966) a composé la plupart de ses poèmes et essais sur un bureau adossé à un cabinet de curiosités composé d’un assemblage hétéroclite (os de baleine gravé, masque iroquois etc.) Ce mur formerait un tout. Il serait d’abord un autoportrait retraçant les voyages accomplis par l’écrivain, notamment en Amérique, puis l’histoire du surréalisme dont il a été le chef de file.

Le bureau

Ce meuble sur lequel travaillent nombre d’écrivains a souvent une portée symbolique. Alors que ses finances étaient au plus bas, Stephen King, le maître de la littérature d’épouvante, a écrit plusieurs romans dans sa voiture, ou dans le compartiment lingerie de la caravane où il vivait avec sa femme et ses deux enfants. Plus tard, dans son essai Écritures, mémoires d’un métier, il raconte que, devenu riche, il s’est acheté un énorme bureau, un « monstre de chêne » qu’il a installé au beau milieu de sa pièce de travail. Et là, durant dix ans, en solitaire, il s’est laissé aller à ses penchants autodestructeurs : cocaïne, alcool, tranquillisants. Il déclare ne plus se souvenir du tout de l’écriture de certains textes produits durant cette période.

Sous la pression de sa famille, il s’est enfin désintoxiqué, a jeté le grand bureau, et l’a remplacé par un autre plus modeste, placé non plus au milieu de la pièce mais dans un coin, geste symbolique bien sûr. Stephen King s’était rendu compte qu’en achetant ce bureau de mégalo et en le disposant au centre, il postulait que l’écriture prime sur l’existence, famille comprise. En le remplaçant par un meuble plus petit, placé dans un coin il affirmait le contraire.

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          Je ne suis qu’une "écrivaillonne", mais j’ai également des lieux d’inspiration et un attachement viscéral à mon bureau. Dès mon adolescence, chez mes grands parents au cœur des Cévennes bleues, je pris plaisir à lire, écrire sous un énorme tilleul du pré. J’ignorais à ce moment-là toute la symbolique de cet arbre de paix que l’Allemagne érige en allées pour conjurer le malheur, dont Bratislava sculpte la fleur.

Plus tard, en Tarn-et-Garonne, mes séances de travail commençaient par de longues étreintes avec l’immense tronc du magnifique sophora du jardin. Ensuite je pouvais rejoindre mon énorme bureau et faire corps avec lui. Il m’était parvenu par hasard (le hasard existe-t-il ?), donné par un prêtre qui le tenait d’un oncle huissier, et l’adoption fut immédiate. Il m’arrivait de caresser ses rondeurs de chêne patiné, de m’imprégner de son parfum d’essences diverses, de rêver devant ses tiroirs longs et profonds qui emmagasinaient mes secrets, mes écrits, mes projets, après en avoir caché bien d’autres.

Quel déchirement quand je dus m’en séparer ! Il était bien trop rond, développé, vivant pour trouver place dans mon nouveau domicile. Je ne l’ai pas vendu car trop désuet, trop chargé d’histoire, hors de prix, invendable donc. Le cœur dévasté je l’ai regardé partir dans un camion au milieu de nombreux autres meubles. Au-dessus de la pile de souvenirs je ne voyais que lui qui semblait me lancer des regards furieux mais résignés. Il appartenait désormais à un ancien agriculteur qui venait de vendre son exploitation et meublait une maison nouvellement achetée. Pourquoi pas ? Je me fis à cette idée jusqu’au lendemain où l’acheteur me demanda si la jeune femme de ménage vue chez moi était libre. Bien entendu elle ne voulut pas faire partie du lot. Depuis je conserve le regret d’avoir livré mon cher bureau à quelqu’un qui ne le méritait pas. Je l’ai remplacé par un meuble plus petit, traditionnel, trop rectiligne, trop parfait, trop commun. J’y travaille en pensant à son prédécesseur qui, à travers lui, continue à m’inspirer.

          Les lieux d’inspiration des écrivains nous fascinent. Les visiter est toujours un enrichissement, d’où la nécessité de les sauvegarder. Ils n’élucident pas le miracle de l’écriture mais ils le rendent palpable en montrant les conditions de son avènement. C’est là, se dit-on, que Madame Bovary est née dans le cerveau de Flaubert, là dans un modeste cabinet, son antre, que Tolstoï a décrit un monde en guerre. Et notre imagination galope. Nous voyons Hugo écrire debout, face à la mer, Colette au milieu de ses chats, Breton chef de file du surréalisme assis à son bureau adossé à un mur où figurent 255 objets et œuvres d’art, Sylvain Tesson courir les chemins en pensant à son prochain ouvrage, etc.

Écrire est un besoin qui se satisfait différemment .Précoce ou pas, il s’exprime le moment venu, quelles que soient les conditions. Heureux ceux qui ont trouvé des lieux d’inspiration. En réalité, ils étaient en eux et se sont révélés peu à peu pour notre bonheur, pas toujours pour le leur.

Andrée CHABROL-VACQUIER

Maisons décrivains 1

 Maisons décrivains 2


 











Maisons écrivainsMaisons décrivains 3

LA FORCE DE VIVRE

La force de vivre

Dans le sein maternel se développe le fœtus. Il commence à vivre et cette vie s’engagera vraiment dès la naissance. Dès lors, par instinct vital débute un combat et se manifestent des comportements inconscients. L’essentiel est d’aller de l’avant, d’avoir la force de vivre, de ne pas s’abandonner au désespoir dans les cas difficiles, pour préparer le futur. Pour cela, il faudra savoir faire son deuil, souvent engager une lutte héroïque, accepter les souffrances comme une fatalité, chercher l’apaisement dans l’amitié et l’amour, l’art, la littérature, les loisirs. Certains se réfugieront dans la croyance, la religion, iront jusqu’à se représenter la mort comme une ouverture sur l’éternité. D’autres choisiront de parler ou au contraire de se taire.

Les écrivains, les philosophes ont développé, montré tout cela à travers leur expérience comme Victor Hugo dans Les Contemplations, Nietzche dans Le gai savoir, Svetlana Alexievitch dans La supplication.

Suivons d’abord Victor Hugo. Il a perdu en même temps sa fille Léopoldine et son gendre Charles de la Vacquerie qui se sont noyés au cours d’une promenade en bateau sur la Seine. Son énergie vitale a reçu un coup d’arrêt et sa force de vivre s’exprime sous le mode de l’injonction : « Ētres ! Choses ! Vivez sans peur, sans deuil, sans nombre ! » Il veut que la nature le ressource, absorbe son désespoir et il se métamorphose en un élément naturel. « Audedans de moi, le soir tombe. » Il se sent coupé du monde pour longtemps et perd l’usage de ses sens, se dirige vers le cimetière de Villequier « sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit. » Il est poussé vers l’avant « comme un force qui va », mais se replie sur le passé plus rassurant, évoque le bonheur d’autrefois : « Ô souvenirs ! Printemps ! Aurore ! », se plonge dans le déni. Pourtant il faut s’arracher au passé, faire un travail de deuil pour retrouver la force de vivre. Hugo et son épouse s’y refusent, se libérant par les larmes : « Vous voyez des pleurs sur ma joue » ; « Hélas ! Et je pleurai trois jours amèrement. » Comme le dit Freud, le travail de deuil est nécessaire. Il se fait en trois étapes : la confrontation à la réalité, la révolte, la victoire du principe de réalité. Quand il est proscrit, Hugo lutte constamment contre l’adversité et le 4 pouvoir de Napoléon III et il est content d’avoir lutté. Cela l’a amené à conduire un combat épuisant. Il est maintenant l’homme qui marche et plus celui qui a le dos courbé du poème : « Demain dès l’aube… » Il arrive peu à peu à accepter la mort de Léopoldine sans pour autant se résigner. Après avoir exprimé sa colère contre Dieu, il se met à l’adorer pour reprendre la lutte. Il veut vivre à tout prix, mais pense à la mort qu’il associe à l’obscurité. Ainsi le poème 17 du tome IV des Contemplations décrit la mort de Charles et de Léopoldine et s’achève sur leur métamorphose en étoiles. Hugo fait une seule allusion au suicide dans le poème 4 du livre IV certainement par dégoût de la vie : « Je voulais me briser le front sur le pavé. » Quand il est exilé, l’amitié (celle d’Alexandre Dumas par exemple) et l’amour lui donnent la force de vivre, de même que son engagement dans les grandes causes comme l’opposition à la peine de mort et au travail des enfants. La religion, la nature, l’exil, les engagements le conduisent à la résilience, à la reconstruction.

Cette énergie vitale qui mène le monde, on la retrouve chez Svetlana Alexievitch, prix Nobel de littérature 2015. Dans La supplication, elle montre sa puissance puisque la nature est luxuriante même dans la zone de Tchernobyl si durement touchée par les radiations. Quelques années après la catastrophe nucléaire, une vieille veuve qui a refusé d’être évacuée dit : « Tout vit ici. Absolument tout ! Le lézard vit. La grenouille vit. Et le ver de terre vit et il y a des souris ! Tout y est. » Après le départ des habitants et malgré les radiations, la nature a repris ses droits. En contrepartie, les morts et les malades se comptent par milliers. Les suicides augmentent de même que les cas de démence et la venue d’enfants morts-nés. Certains se culpabilisent de vouloir vivre à tout prix en se raccrochant au passé. D’autres se réfugient dans le fatalisme « Notre histoire est faite de souffrances », dans la gaîté : « Quitte à mourir autant que ce soit en musique ! », ou dans l’humour : « On racontait des blagues sans arrêt. »

Victor Hugo et Svetlana Alexievitch ont été victimes d’une perte d’énergie vitale à cause de traumatismes physiques ou psychologiques. L’un a perdu sa fille, l’autre a vécu Tchernobyl et rencontré des victimes.

Nietzche, lui, a souffert d’une maladie grave. Il a besoin de repos, de stabilité, trouve l’apaisement dans l’invention d’un monde supra sensible, immuable, éternel et dénigre la vie. Il veut profiter du moment présent, abandonne le passé pour créer de la nouveauté, se donnant une illusion d’éternité. Il refuse la pensée de la mort pour privilégier celle de la vie, dit que sa souffrance imposée par la maladie est créatrice de joie, d’une envie folle de se moquer, de devenir méchant. Sa lutte héroïque est philosophique, car le penseur doit « vivre dangereusement » pour conquérir le monde, les hommes supérieurs « voient et entendent », sont les plus heureux et les plus malheureux à la fois. Il accepte sa situation, se résigne car il faut adhérer au réel tel qu’il est, ne pas se représenter la mort afin de pouvoir continuer à vivre, valoriser « la pensée de la vie ». Il dit que l’existence de la mort rend la vie plus précieuse. Il donne au suicide une dimension symbolique et pense qu’il est dû à la peur de la mort. Il va même jusqu’à dire que le patriotisme qu’il appelle « patriotardise » est « un détour pour parvenir au suicide, un détour que l’on emprunte avec bonne conscience. »

La vie est un long combat jalonné d’embûches et chacun se débrouille à sa façon pour parvenir à la résilience. Nos trois auteurs ont été comme tout le monde affrontés à des drames, que ce soit un deuil, une catastrophe, une maladie. Ils ont puisé leur force de vivre où ils pouvaient, dans leur passé, dans la nature, la religion, la fête, des combats philosophiques, des idéaux.

Depuis un an, le monde entier subit une terrible pandémie, qui décime les populations, met en danger l’économie, nous soumet à des règles drastiques limitant nos libertés.

Où puiser notre force de vivre ? Il est bon de se réfugier dans le passé certes, mais cela ne peut être que passager et stérile. Il faut " se débrouiller " avec les moyens du bord, selon ses capacités intellectuelles, physiques, matérielles.

Certains choisissent de se tourner vers la religion, d’autres vers le travail, la création, les valeurs humaines essentielles comme l’amour, l’amitié ; l’entraide. Il est capital de conserver l’espoir en des temps plus cléments, de se dire qu’une tempête ne peut que s’apaiser. Après la pluie vient le soleil, dit le proverbe.

Andrée CHABROL-VACQUIER