Compagnie des écrivains de Tarn-et-Garonne

SORTIE HORS LES MURS

COMPAGNIE DES ÉCRIVAINS DE TARN-ET-GARONNE

Compte rendu de la sortie hors les murs au château d'Esapanel (Molières)

le samedi 15 juin 2024

 

Etaient présents :

Carole Bonnet, Nelly Boucheron-Seguin, Evelyne Bourrée, Madeleine Carenco, Patrick Chereau, Danièle et Roland Courdesses, Jean-Paul Damaggio, Françoise Delmas,  Pierre Desvergnes, Huguette Estripeau, Jean-Claude Fabre,  Nicole Grenouillet, Aline Guagliardo, Attilo Guagliardo,  Dominique Guillot, Anne Lasserre-Vergne, Gisèle Lecornué, Odile Letort, Paul Letort, Dominique et Michel Manson, Marilène et René Meckler, Norbert Sabatié, Odile Stéphan, Christian Stierlé , Marie-France Vainguer,

Excusés : Andrée Chabrol-Vacquier, Colette et Jean Coladon, Colette Lemieux, Robert Vila, Guy Astoul .  

Programme :

10h30 - Accueil devant le château d’Espanel , Visite guidée du château

12h - Repas servi à la Ferme auberge du Coutié

Retour au château

14h30 – Historique du château par Carole Bonnet

15h15 - Pause poétique avec Marilène Meckler

15h 45 - Charte de Molières (1270) & Célébrités locales par Christian Stierlé,

16H30  – Le maquis de Saint-Amans par Norbert Sabatié.

 

Visite du château d’Espanel

          Nous sommes accueillis par Danièle et Roland COURDESSES les propriétaires qui nous permettent de visiter leur château, habitation privée,  en deux groupes. Roland précise qu’être châtelain ne signifie pas être riche et que la restauration, effectuée par leurs soins en autodidactes a duré 20 ans ce qu’ils racontent en 2 livres. Menuiserie, électricité, plomberie, maçonnerie, Roland Courdesses a effectué tous les travaux lui-même, sans aucun coup de main, sauf celui de son épouse. Après toutes ces années de travail non stop, il avoue être fier et soulagé d’avoir terminé son ouvrage comme il le souhaitait.

          Il nous confie que ce château est l’aboutissement d’un rêve. «  J'ai toujours souhaité l'acheter, ma famille a vécu à l'ombre du château depuis des siècles. Ma mère m'en a toujours parlé. J'ai même trouvé la trace dans les archives d'une incarcération en 1501 d'un de mes ancêtres dans les oubliettes ». Une longue histoire que Carole Bonnet évoquera lors de la conférence qui suivra.

Dans l'aile droite du château un gîte de bon goût et plein de finesse offre tout le confort actuel.     

         Le charme des vieilles pierres restaurées à la main, la distinction et l’authenticité des lieux sont complétés par le travail abouti de Roland Courdesses qui a dû d’abord rectifier les erreurs des précédents propriétaires, créer un réseau électrique et le chauffage central .

Les remarquables créations en matière de décors muraux et plafonniers au pochoir, de meubles chinés, ou fabriqués à l’ancienne à partir d’objets de brocante, les mosaïques récupérées en déclassé et judicieusement recomposées, les fenêtres restaurées, souvent parées de vitraux , soulèvent l’admiration .

          Madame a réalisé les travaux de couture et d’encadrement, sa passion, pour valoriser des peintures et de petites curiosités. Elle a complété le décor avec des bouquets, des objets précieux, des tapisseries anciennes, sans oublier les photos personnelles, bref,  tout ce qui donne une âme à une demeure .  

          Le résultat bluffant, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, a été salué par tous, lors de la découverte de chaque pièce, sans oublier le charme du puits à l’entrée, entièrement reconstruit et paré de bois chantourné. On peut d’ailleurs se référer aux photos proposées par René MECKLER sur le site de la Compagnie.

       Notons que le château a obtenu la Tour d'or 2010 des "Vieilles maisons françaises" et a été Lauréat de la Sté Archéologique et historique de Tarn-et-Garonne.

        

A 12H30 REPAS : un menu généreux nous rassemblait à la Ferme Auberge du Coutié.

 

Conférence sur le Château médiéval d’Espanel par Carole BONNET :

Cette dame du pays se passionne depuis longtemps pour cette vénérable demeure. Elle a parcouru archives grimoires et parchemins pour en restituer l’historique en détails.

Situé au coeur du village d’Espanel ce petit château médiéval date du 13ème siècle environ.  Guillaume de Cras évêque de Cahors y venait une fois l’an (vers 1202) avec sa suite de 40 chevaux se faire donner deux repas et une couchée.
Peu de description de ce château qui a traversé 8 siècles et beaucoup changé avec les différents occupants qui vont le transformer peu à peu.
On sait quand même que la grande pièce du château  avait été décorée avec 7 panneaux en tapisserie d’Aubusson (1656) représentant la vie de Jeanne d’Arc. C’est le père du dernier seigneur d’Espanel qui les avait récupérées au décès de son père Jacques de Molières président de la cour des Aides à Montauban. Elles étaient encore là lors du décès du ce dernier seigneur Jacques de Molières en 1862. Elles furent ensuite certainement données ou vendues par l’héritier de ce dernier à Monsieur E. Forestié. On en perd après la trace jusqu’au jour où le propriétaire actuel Roland Courdesses reçoit une lettre d’un certain Monsieur Brillet qui l’informe qu’un de ses panneaux orne le mur de l’église Notre Dame de Cöeffort du Mans depuis 1970, et qu’il a été exposé sur l’autel de Notre Dame de Paris  lors de la première fête de la Sainte en 1922 et classée aux Monuments Historiques en 1977.
 
Trois grandes familles nobles vont habiter de château du 13ème siècle au 19ème siècle.
Ce sont d’abord les De Gauléjac qui ne laisseront pas de bons souvenirs aux habitants d’Espanel surtout un certain Bertrand et ses frères que l’on aurait surnommer les ‘frères Dalton » tant leur comportement brutal était exécrable! Ce dernier décéda en 1517. Deux autres se feront assassiner : l’un Sébastien de Gauléjac le 3 juillet 1604 après avoir cherché querelle à Gabriel d’Escayrac qui était avec lui co-seigneur du château de Lauture. Gabriel en état de légitime défense le fit passer de vie à trépas en deux coups d’épée. L’un était « puissant et fort et de l’âge de 45 ans »" et l’autre jeune homme faible de 20ans » disent les archives. N’empêche que c’est le plus vieux qui perdit la vie.
L’autre son fils Jean-Claude se fit assassiner dans son propre château dans sa chambre d’un cou d’épée à la tête et l’autre au petit ventre pendant qu’il lisait un livre sur son lit, dit l’extrait mortuaire dans les archives d’état-civil le 22 juillet 1610, par Ramon de Montagut seigneur de Lastours. Encore pour une sombre histoire d’intérêt de d’argent. L’assassin fut exécuté……
 
La deuxième famille sera celle des Dubruelh (1626-1773). L.a dernière de cette famille Louise Gauléjac (née 2 semaines après l’assassinat de son père Jean-Claude) se maria en 1626  avec Pierre Dubruelh, seigneur des Places près de caylus.
L.a dernière de cette famille Jeanne-Geneviève (fille unique 1757-1847) qui fera passer le château dans la troisième et dernière famille celle des De Molières par son mariage en 1773 avec Jacques-Antoine de Molières, ancien premier page des écuries de feue la reine et enseigne des vaisseaux du roi. 
 
La troisième et dernière famille noble est donc celle des de Molières. Jacques-Antoine s’installe au château avec Jeanne-Geneviève de dix ans sa cadette. Ils eurent 4 enfants.Suspect à la Révolution il partit avec sa famille à Paris puis Rouen et Boulogne sur Mer. Arrêté il fut finalement conduit en maison de détention en octobre 1794. Libéré grâce à des certificats de bonne conduite et bonne vie quand il était à Molières délivrés par la municipalité de Molières, il revint avec toute la famille à Espanel dans le château qui n’avait subi que des dégradations mineures.
Il décéda à Montauban en 1819 et Jeanne-Geneviève en 1847 (89 ans). Désormais seul au château le fils aîné Jacques ne se maria point. Peur d’une mésalliance ou autre raison, nul ne sait et il mourut seul dans son château le 5 mars 1862 entouré de ses domestiques. Sans postérité il léguera son château à son domestique préféré Louis Bouniols qui lui avait sauvé la vie par deux fois.
 
Cet héritage bienvenu permit au fils de ce dernier Jean-Louis de faire des études brillantes car il devint sous-préfet de Figeac. Son fils Gaston, fut tout aussi brillant que son père et fit une belle carrière politique (maire de Molières en 1925, président du Conseil Général sénateur en 1934  et fin diplomate. Il décédera en 1934. Avec sa femme Olga Schwarz (fille d’un banquier parisien) et juive, ils firent de nombreux et titanesques travaux pour amener « de la modernité » dans le château car ils recevaient beaucoup. Après le décès de son mari, Olga alla à Paris où elle fit la connaissance du pasteur Boegner chef de l’église réformée de France qui la convertit au protestantisme ceci dans le but de lui sauver la vie car on commençait à sentir les prémices de la guerre et les persécutions juives. Olga revint donc à Espanel où elle accueillit de nombreuses familles juives. Ce fut une personne charitable qui décéda malheureusement d’un cancer à l’hopital de Toulouse en novembre 1940.
Sans enfants, elle léguera son château au pasteur qui le donna à sa fille mariée à un banquier Mr Berthoud. Ils n’y firent aucun travaux non plus que leurs 5 enfants et après avoir vidé le château de ses plus belles pièces (vaisselle en porcelaine, argenterie, verres en cristal mobilier d’époque, bibelots, etc….) et emmené tout ça dans leur nouvelle résidence, ils le vendirent à Monsieur et madame Couraut qui s’en lassèrent très vite et cesseront carrèrent d’y venir et le château fut remis en vente en 1995.
Ce fut une aubaine pour Monsieur Courdesses dont la famille est originaire d’Espanel et qui avait dit plusieurs fois petit : « Moi, un jour j’achèterai le château » ». L’affaire fut conclue en moins de 2.
Ce fut la renaissance que château qui commençait à sombrer dans l’oubli et l’indifférence et se dégrader sérieusement. Il fallut out refaire: eau électricité, chauffage, consolider les murs, en abattre d’autres etc…le tout à l’ancienne sans aucune aide financière et sans l’aide d’ouvriers mis à part sa femme Danièle et les filles mises parfois à contribution. 18 ans de labeur acharné du lever au coucher du soleil ont rendu à ce château sa belle et fière allure!!! Ces travailleurs infatigables ont d’ailleurs reçu le Prix de la Société Archéologique en 2002 pour cette restauration de qualité exceptionnelle qui firent passer le château de la fée Carabosse à celui de la Belle au Bois Dormant.
 
Les De Gauléjac, les Dubruelh, les De Molières Gaston et Olga peuvent dormir tranquilles : leur château est sauvé pour de nombreuses années.
 
Huit siècles se sont écoulés depuis la création de son petit hameau et et de son château féodal : 8 siècles faits de combats souvent, de joies parfois et de souvenirs aussi. Le livre se referme comme une boîte où la mémoire entendrait encore la musique du temps.

         

 Charte de Molières (1270) & Célébrités locales par Christian Stierlé

            La charte des Us et Coutumes est caractéristique des bastides. C’est une sorte de constitution, d’ensemble de lois qui s’appliquaient aux habitants de la bastide. 

            L’acte fondateur du village de Molières, qui appartenait dès l’origine aux Comtes de Toulouse, devient bastide royale par la « Charte des coutumes » octroyée par Alphonse de Poitiers en1270, cela au détriment des droits du seigneur local Ratier de Castelnau. Dès lors, pourvue de 46 coutumes rédigées en langue romane, Molières dotée d’une baillie  prend son destin en main sous l’autorité de ses bayles. La baillie englobait les paroisses et communautés de Sainte Arthémie, Saint Amans , Espanel, et Puycornet.

          Comme toutes les chartes, celle de Molières tient compte d’usages anciens, civils ou judiciaires, de traditions locales antérieures.

 Les dispositions de ces coutumes sont diverses  et ont trait :

♦ Au droit féodal : réserves sur les fours, les forges, la chasse, la pêche, la garde des troupeaux, les corvées, les redevances, les péages….

♦  Au régime municipal : droits d’asile, travaux de voirie, de défense, police urbaine, agriculture..

♦  Au droit civil: disposition des biens, mariages, testaments, donations…

♦ Au droit criminel : procédures, peines et amendes, homicides, délits d’adultère ( amende ou obligation de courir tout nus à travers ta ville !) ,  jugements des dommages provoqués par les animaux, et des tricheries,  frais de justice...

   Mais la partie la plus originale de la Charte de Molières est celle qui concerne l’organisation des foires et marchés : jours choisis le jour d’un saint, durée, liste des animaux, des denrées, des cuirs et tissus vendus, poids et mesures…

    Le conférencier cite quelques exemples d’articles : « les habitants pourront librement marier leur fille et faire entrer leur fils dans les ordres », « quiconque aurait jeté des ordures ou immondices  sur la voie publique  sera puni par notre baile et les consuls dans la mesure qu’ils jugeront convenable », existent aussi les règlements pour les consuls, le sénéchal, ou le  baile.

  Quelques célébrités locales :

- Gaston BOUNIOLS : né le 1er mars 1872 à Montcuq (Lot) d’une famille originaire de Molières, il est mort le 16 août 1934. Il a été un homme politique et diplomate  qui fut maire de Molières, président du Conseil général de Tarn-et-Garonne de 1928 à 1934 et sénateur de ce département en 1934. Il ne siégea toutefois jamais puisqu'il mourut le 16 août à la suite d'une attaque cardiaque dans son château d’Espanel. Sa veuve, Louise-Olga, lègue Espanel à Edouard Berthoud (membre du parti radical) , qui le vend en 1968.

Une particularité :  Nommé ministre plénipotentiaire auprès du Gouvernement serbe en 1913, il était en poste à Belgrade lorsqu' éclata la Première guerre mondiale et suivit le gouvernement serbe à Niš puis, après l'occupation de la ville par l'armée bulgare en octobre 1915, dans son exil au Monténégro et en Albanie. 

- Jacques Antoine de MOLIERES Seigneur d’Espanel  : 1746 – 17/09/1819 à Montauban . Il est le fils de Jacques de Molières, conseiller du Roi, président de la Cour des Aides et Finances de Montauban, et de Marie Anne de Garrisson.  Le grand-père et le père de son épouse, née Geneviève de Bruelh, figuraient déjà dans son arbre généalogique.

   Lieutenant des vaisseaux du Roi, il a été reçu premier page de la reine Marie Leczinska en 1762 ;  Le 16 mars 1789 il assiste à l’« Assemblée des Trois Ordres de la Province du Quercy » et fait partie de la Commission chargée de rédiger le cahier des plaintes et doléances de la noblesse de cette province.

  S’étant retiré dans sa famille à Montauban en 1796, il est l’un des premiers à répondre  à l’appel adressé  par le Duc de Lachapelle à ses concitoyens pour former une « Société des Sciences et des Arts » à Montauban. Il a eu 2 fils , militaires comme lui et poètes. L’aîné Jacques est né et mort (1774 +1862) au château d’Espanel.

- Pierre VIGUIE : 29/11/1889 – 04/11/1972 :  magistrat,  il a été 1er Président de la Cour d’Appel d’Aix en Provence  de 1949 à 1956. Membre de l’Académie de Montauban, il fut amateur d’art,  organisateur d’expositions.et écrivain.

  Editeur de livres rares, ses productions sont toujours des hommages à des destins  hors série, ou à des inconnus, ou à des mal aimés.

  Il a rédigé des articles et études publiés dans la presse nationale . On lui doit notamment un "Recueil de l’Académie de Montauban" des « Bulletins de la Société Archéologique de Tarn-et-Garonne » et des «  Bulletins des Amis du Musée Ingres » .

   Ses amis  étaient : Robert Garrisson, Marcel Sémézies, les fils d’Emile Pouvillon, Camille Delthil, et Raymond de la Tailhèd

 

Le maquis de Saint-Amans par Norbert Sabatié :

          Pour évoquer ce maquis il est nécessaire de surtout rendre hommage à l’Abbé Alexandre GLASBERG (né en 1902 en Ukraine) une forte personnalité, qui a joué un rôle essentiel dans la Résistance de la région, et au-delà, sous le pseudo de Elie CORVIN.

          C’est au bois de Pauly, situé entre Molières, Mirabel et L'Honor-de-Cos que s'est tenue le 17 juin 1944 la première réunion du « Comité Départemental de Libération », à la suite de l'attaque du maquis d'Ornano qui avait dû s'y replier.

          C'est donc l'abbé Corvin qui a contribué à mener à bien la désignation du nouveau chef parmi les maquisards dont Jean Bayrou, l'instituteur de Puycornet, et les frères Molinairie, fils de Caroline, l'aubergiste de L'Honor-de-Cos et boîte aux lettres des résistants.Alexandre Glasberg, alias Elie Corvin, était arrivé incognito dans la paroisse de Léribosc, à la fin 1942, par le biais d' « Amitiés chrétiennes », suite à l'entente entre Mgr Théas et Mgr Gerlier, archevêque de Lyon qui avait été invité à Montauban pour la grande fête mariale autour de la grotte de Lourdes de l'évêché, le 8 octobre 1942.

          L'abbé Glasberg, élevé dans la tradition juive, avait opté pour la religion catholique. Nommé prêtre dans la banlieue lyonnaise, il avait participé au sauvetage de 89 enfants juifs, lors de la rafle du 28 août 1942 à Vénissieux, avec la complicité malgré lui de Mgr Gerlier. Recherché par le gouvernement de Vichy, il avait trouvé refuge à Léribosc, participant aux actions de la résistance locale, cachant les armes parachutées, subissant les descentes de miliciens, et jouant le rôle d'agent de liaison. 

          Par ailleurs, Alexandre Glasberg s'était déjà illustré dans le domaine social, impliqué dans la DCA « Direction des Camps d’Accueil » et dans l'action menée par la CIMADE, notamment au camp de Gurs où oeuvrait son frère Victor, également abbé, avant d'être déporté à Auschwitz où il devait disparaître.

          L'abbé Glasberg avait aussi cofondé le « Centre d'Orientation Sociale des Etrangers » devenu COS en 1944 et, après la Libération, il rejoindra Paris pour intervenir auprès des juifs russes, polonais, irakiens... (Exodus 1947) jusqu'à l'obtention de la création de l'état d'Israël en 1948. En 1968, il est cofondateur de « France Terre d'Asile ». Naturalisé français en 1950, il se verra remettre la Légion d'Honneur en 1972 et sera nommé "Juste parmi les Nations" en 2003. La place près de l'église de L'Honor-de-Cos porte son nom depuis 1989, huit ans après sa mort.

 

Cette belle journée se termine par un verre de l'amitié :

 

 

La secrétaire

Marie-France VAINGUER

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COMPAGNIE DES ÉCRIVAINS DE TARN-ET-GARONNE

Compte rendu de la sortie hors les murs à CASTELSARRASIN

le samedi 24 juin 2023  

Etaient présents :

Guy Astoul, Madeleine Carenco, Colette Coladon, Jean Coladon, Françoise Delmas,  Pierre Desvergnes, Dréan, Annie-Claude Elkaïm, Geneviève Falgas,  Jean-Claude Fabre,  Nicole Grenouillet , Dominique Guillo, Colette Lemieux, Marilène et René Meckler, Jacqueline Ouardes, Bernard Ouardes, Norbert Sabatié, Odile Stéphan, Christian Stierlé , Marie-France Vainguer,

Excusés :  Andrée Chabrol-Vacquier, Robert Vila, Nelly Boucheron-Seguin,  Roland Gabillon, Marguerite Escande.

 

Pierann souhaite la bienvenue à tous, et se réjouit de cette nouvelle occasion de passer une journée culturelle « au plein air », à la découverte de certains écrivains Tarn-et-Garonnais trop souvent oubliés.

La Compagnie fête cette année ses 30 ans d’existence , avec un deuxième Salon du livre, et  bien des productions dont le livre «  Montauban flamboyante et rebelle » et la riche collection des 12 brochures « Images et visages du 82» qui présentent tous les aspects des communes du département. Précisément un tome est consacré à Castelsarrasin où nous nous trouvons aujourd’hui.

Pierann présente le programme de la journée :

- Conférence sur Marcelle DUBA par Jacqueline OUARDES

12h30 : Repas au  RESTAURANT Le Saint Louis

14h30 : conférence sur Gaston BÉNAC par Christian STIERLÉ.

15h30 : Pause poétique

15h45 : conférence sur Antoine de Lamothe-Cadillac par Guy ASTOUL

17h : conférence sur Antonin DELZERS par Norbert SABATIÉ.

Pot de l’amitié pour clôturer la journée. 

Il passe la parole à Jacqueline Ouardes qu’il remercie d’avoir bien voulu nous présenter Marcelle DUBA , poétesse locale.

Marcelle DUBA : Née à Toulouse en 1899, elle est décédée le 24/12/1981 à Paris. Elle a vécu 30 ans à Castelsarrasin, ainsi la famille de la conférencière l’a connue. Fille d’Oc, Marcelle était une poétesse très sensible, toujours fidèle à son idéal artistique et à sa terre natale : la nôtre.

D’une nature exaltée, chrétienne sans bigoterie, avec un look précieux un rien désuet, elle s’est donné comme mission de chanter  sa « petite patrie »  à la manière des troubadours, ce qui lui apporta maints prix littéraires. Ainsi des prix de la Société des Gens de Lettres,  de l’Académie des Jeux floraux, de l’Académie du Languedoc,  et de l’Académie française ; notons entre autre, en 1966 le prix Le Fèvre-Daumier pour «  Plaisir et sagesse », en 1979 le Prix Archon-Desperouses pour « L’invisible présence » citons aussi les prix Anna De Noailles et Desbordes-Valmore.  
De nature modeste mais exigeante pour son art, elle admirait les écrivains de son temps : Paul Claudel , André Gide, François Mauriac, Jacques Maritain, Paul Valéry, André Malraux, Saint Exupéry, et bien sûr Marcel Pagnol, et Claude Nougaro . Marcelle  ne cherchait pas la gloire, elle a écrit un poème qui commence ainsi  « Que m’importe que mon nom soit gravé sur une stèle... »  préférant disait-elle « travailler pour l’avenir » .  Sa famille, qui était originaire de Larrazet où son grand’père était vannier, a beaucoup compté pour cette femme plutôt fragile mais courageuse qui déclarait  vouloir combattre la souffrance « comme un matador ».

Son père, originaire de Larrazet, fut ingénieur des Ponts et Chaussées.
Sa naissance sera précédée par deux autres sans lendemain ce qui explique sans doute que la petite fut surprotégée.  En retour celle-ci vouait une adoration à ses parents. Pour Marcelle sa maman, très chrétienne,  était à l’image de la Vierge Marie. Elle lui inculquait les valeurs fondamentales de l’époque. Son père, très actif , était cultivé, ingénieux, artiste, et vertueux. Il forma l’esprit de Marcelle tout en l’initiant aux joies des promenades et des découvertes dans la nature.  Ils vivront à Toulouse , puis à Montech .

Marcelle, d’un tempérament artistique, avec parfois des moments de déprime , s’adonnait souvent à la lecture et à la contemplation. Ainsi trouvait-elle du réconfort dans la chapelle de Seix en Ariège qui lui a inspiré ces vers :

« Oublierai-je la Chapelle / Cette halte de secours / Où je repliais mon aile /
Pour me noyer dans l’amour «  ….
et plus loin  :

« Et qu’il faut que la souffrance / Nous transforme pour l’essor/ Du rêve et de l’espérance/ Loin des ombres de la mort ! »

   Elle voulait devenir professeur de lettres, ce qui dénote une éducation rare à l’époque pour les jeunes filles. Cependant sa santé précaire interrompt parfois ses études . 

Son père meurt en 1916 alors qu’ils étaient installés à Castelsarrasin. Marcelle a une peine immense et voit, par manque d’argent, s’anéantir son rêve de professorat.  Elle s’exprime donc dans la poésie et, pour vivre, donne des cours de musique, de chant, de dessin et de sténo-dactylo. .

Par sa vie, son milieu, ses origines elle appartient à un monde classique fait de respect de la famille, de la religion et de la nature. Cette vie, elle va tout faire pour la mettre en poème, suivant des règles littéraires respectées à la lettre.

          Elle se marie tardivement à 50 ans, en 1953 avec Pierre Victor Halary qui a les même goûts qu’elle. Grâce à lui, elle se rend à Paris, accède au monde de l’édition après les éditions du Beffroi à Millau et collabore à des revues littéraires. Marcelle a une grande admiration pour celui qu’elle nomme « mon sauveur, mon pain » et qui l’encourage à écrire.

La poétesse a laissé 750 poèmes , 9 recueils : « Lys de feu »(1957) , « La harpe des nuits », « Symphonie fervente » (1962) , « Plaisir et sagesse » 1965 « Au miroir des eaux pures » 1971, « L’invisible présence » (1977) , « Les Émerveillements », « Les cascades du soir » (1982) , , « et « Le triomphe des ailes » (1985) .

          Son amour du pays natal et des lieux aimés : Toulouse, Montauban, Montech, Larrazet. lui a inspiré des poèmes à la gloire de la Saint-Alpinien, du stade Adrien Alary et des héros des inondations de 1952. Elle a su chanter comme personne  les lieux emblématiques : « Toulouse, ma ville altière », « Montauban pur joyau », le Canal du Midi, Garonne, et les pigeonniers, sans oublier les saveurs locales de la vie :  le parfum des tilleuls, les forêts de peupliers qui « ressemblaient à des cierges » , la gourmandise pour les bons produits locaux….

          Humilité et la grandeur de sa mission sont les principales caractéristiques de cette écrivaine que Jacqueline Ouardes nous a présentée avec ferveur et qui a bien mérité que la médiathèque de Castelsarrasin porte son nom  !.

Gaston Bénac :  le père du journalisme sportif français.

          Christian Stierlé, auteur de plusieurs ouvrages sur Montauban et le monde des sports, nous a fait découvrir Gaston Bénac , reporter, considéré comme le père du journalisme sportif français , né le 25 février 1881 à Castelsarrasin  et mort le 20 février 1968  à Paris. 

          Gaston Bénac, après l’école de Castelsarrasin, fit d'abord des études de droit, selon les souhaits familiaux. Mais après la guerre de 14-18 passée dans l’aviation, c'est vers le journalisme sportif qu'il se dirige en raison de sa passion pour le cyclisme et le rugby. Avec son goût pour les voyages et la rédaction, c’est surtout son admiration pour les champions : joueurs de rugby, boxeurs et cyclistes qui motivait son attention.

          En 1903 il participe à la création de « L’Union Sportive Montalbanaise » et devient en 1907 son secrétaire général.  Monté à Paris il est rédacteur des revues « L’Aéro », « Sporting » et « L’Auto » où , en 1920 il collabore avec le célèbre Henri Desgranges, tout en rédigeant des articles pour « L'Illustration », et « L'Intransigeant» en 1925. Mais il n’oublie pas son Sud-Ouest natal et en 1908 « Gastounet » pour les copains, est le principal organisateur  de l’inauguration du stade, la célèbre « cuvette » de Sapiac de Montauban qui possède une piste cyclable cimentée aux virages appréciés des coureurs locaux et régionaux .

          En 1930 il est nommé Directeur des services sportifs de « Paris-Midi » puis en 1932 de « Paris-Soir », la même année il crée une évènement avec Albert Baker d’Izy :   l'épreuve cycliste du  « Grand prix des Nations ». En 1944 il participe à « Résistance ».  Gaston Bénac a propulsé le journalisme  sportif au rang d’institution, lançant bien sûr  des cohortes de reporters sur le terrain afin de suivre l’évènement en direct où qu’il se trouve, cela avec des hommes consciencieux, et fidèles qui n’hésitaient pas à braver les intempéries et l’âpre concurrence du métier. 

En 1950 Il prend  la direction des services sportifs de « France-Soir », occupant ce poste jusqu’en 1957, année de son départ à la  retraite.

          Passionné par tous les sports, et appréciant les voyages, il a couvert tous les Jeux Olympiques de sa carrière, et 33 Tours de France. On lui doit des ouvrages  de référence : «  Les jeux olympiques de l’Antiquité à 1920 »  et « Champions dans la coulisse » en 1954. Il a produit aussi, en collaboration, des livres sur la carrière de sportifs célèbres : « la vie et la carrière de Fausto Copi, Puig-Aubert, et René Vignal »,  « la vie et la carrière de Louison Bobet , Robert Cohen, et Roger Marche ».

          Gaston Bénac parcourt le monde, interviewe, témoigne en direct au téléphone, et écrit sans avoir, dit-on,  pris de notes . Il s’est bien sûr intéressé aux carrières de Carpentier et de Marcel Cerdan.  Devenu l’ami de ce dernier, il commenta le championnat du Monde contre l'américain Tony Zale en 1948,  et fut bouleversé par sa mort accidentelle un an plus tard.  Il a été aussi témoin privilégié et reporter des combats de Dempsey  et Ray Robinson. Son talent est reconnu au plan international . Durant sa retraite il se passionne pour la tauromachie et le dressage des fauves, et rédige des articles au journal « Sud-Ouest »

          Pour conclure, notre conférencier nous confie l’estime de René Mauriès, grand reporter à « La Dépêche du Midi » et détenteur du Prix Interallié, pour Gaston Bénac : « Il possédait les trois qualités majeures nécessaires pour ce métier  : la foi, la charité et l’espérance. La foi : l’obstination pour aller de l’avant, la charité de vouloir transmettre le savoir et l’expérience aux débutants, et enfin l’espérance : la confiance dans le don et le brio de la plume journalistique.

          Gaston Bénac est décédé à l’âge de 87 ans en son domicile parisien . En reconnaissance de sa brillante carrière une place de Castelsarrasin porte son nom.

Lamothe Cadillac (Antoine Laumet de )

          Guy Astoul, qui a présenté la conférence, nous précise qu’il existe plusieurs ouvrages sur ce célèbre Castelsarrasinois, dont celui de Jean Boutonnet : « Lamothe-Cadillac : le gascon qui fonda Détroit (1658-1730) » , et celui de Robert Pico «  Cadillac, l’homme qui fonda Détroit » .

          Antoine Laumet, qui s’illustra en Amérique sous le nom de Lamothe Cadillac, est né à Saint Nicolas de la Grave le 5 mars 1658 de Jean Laumet, Lieutenant du Juge de St Nicolas et de Jeanne Péchagut. On ignore tout de sa jeunesse, sauf qu’ayant prouvé une solide culture il a vraisemblablement suivi des études chez les Jésuites.

          A 25 ans suite à son implication dans une histoire louche qui restera floue, il doit quitter la France.  Aussitôt débarqué en Amérique du Nord, alors en pleine expansion française (Cf : politique de Colbert, avec Jacques Cartier, Champlain ...,) pour se préserver d'une éventuelle reconnaissance il se forge une identité et présente des quartiers de noblesse illustrés par des armoiries qu'il crée à partir d’emprunts à d’autres familles. Voulant passer pour gentilhomme, ce qui était courant à l’époque, il se fait appeler « Sieur de Cadillac ». 

          Il se rend en Acadie de1683  à 1689. Il prétend  avoir débarqué  à Port Royal, la capitale qui sert de base à la guerre contre la Marine des colons Anglais. Dans un mémoire de 1689 il se vante d’avoir acquis une solide expérience dans l’observation des lieus, peuples, activités et religions du Nouveau Monde.

          Installé à Port Royal il est explorateur, trappeur, en Nouvelle-Angleterre et à la Nouvelle-Hollande, poussant vers le sud jusqu'à la Caroline. Il se livre au commerce notamment avec les grandes compagnies ( peaux, fourrures ) et à certains trafics (alcools), participant à l’abondement de la caisse du pouvoir royal. Il entre en rapport avec des corsaires canadiens, notamment avec le sieur Denis Guyon dont il épouse la nièce en 1687. Ils eurent 6 filles et 7 fils. Il cherche en vain à s’établir notaire car, intelligent et brillant mais hautain et arrogant, il se fait des ennemis.

          Après bien des vicissitudes (attaques de corsaires et bandits, avaries et pertes dues  aux tempêtes ) Cadillac doit échanger avec les anglais pour délivrer sa famille captive.  En  1691, il rapatrie sa famille à Québec mais leur navire est attaqué par un corsaire de Boston qui prend possession de tous leurs biens. Promu lieutenant en 1692, il est envoyé avec le cartographe Jean Baptiste Franquelin pour dresser des cartes des côtes de la Nouvelle-Angleterre en vue de préparer une attaque française sur les colonies anglaises. Il remet les cartes et un mémoire au ministre Pontchartrain et reçoit une gratification de 1 500 livres pour son travail. Renvoyé en mission pour compléter ses observations, Frontenac le promeut capitaine puis enseigne de vaisseau en 1694.  L’année suivante Cadillac  découvre le détroit reliant le lac Huron et le lac Érié et imagine y installer un nouveau fort pour rivaliser avec les Anglais. 

          Le 24 juillet 1701, Antoine de Lamothe-Cadillac construit le Fort Pontchartrain  (nom du secrétaire d’État à la Marine)  et la paroisse Sainte-Anne sur la rive du nord de la rivière Détroit . C’est ainsi  la fondation de la ville de Détroit.  Il  crée une colonie de peuplement français pour enrayer la progression anglaise. Là il est en butte à une farouche hostilité des autorités et aux membres du Conseil  supérieur  de la Nouvelle France, assemblée représentative  des intérêts commerciaux du Canada. En outre il est accusé d’abus de pouvoir et de trafic d’alcool avec les Anglais et par les Jésuites qui lui reprochent de pervertir les Indiens. Il fait l’objet d’une enquête en 1708…

          En 1710, Cadillac est nommé gouverneur de la Louisiane, la plus pauvre des colonies de l’Empire français. Il ne s’y rend qu’en 1713 et se querelle avec l’ordonnateur .  Rappelé en France en 1716, il s’embarque au cours de l’été 1717 mais il est bientôt embastillé avec son fils aîné « pour avoir parlé  contre le Gouvernement de l’État et des colonies » .  On lui reconnaît néanmoins d’avoir tenté d’établir des liens commerciaux avec le Mexique, d’avoir découvert une mine de cuivre en Illinois et, surtout, d’avoir fondé Detroit. Il est libéré au bout d’un an, rentre en bonnes grâces à la Cour et reçoit la croix de Saint-Louis en récompense de ses trente années de loyaux services.

            Il s'installe alors avec sa famille dans la maison paternelle et règle la succession de ses parents en 1718. Il effectue également de nombreux voyages à Paris pour faire reconnaître ses droits sur la concession du détroit. Il obtient gain de cause en 1722. Il vend alors sa seigneurie du détroit au canadien Jacques Baudry de Lamarche et acquiert les offices de gouverneur et major de la ville de Castelsarrasin où il décède le 15 octobre 1730. Tout près, Saint Nicolas-de-la-Grave son village natal lui a dédié un musée.

          Son esprit visionnaire est cependant indéniable et ses projets prendront corps après lui. C’est ainsi que Detroit, qui lui a érigé une statue, est devenue le centre mondial de la production automobile au XXe siècle ; William A. Murphy et Henry M. Leland lui rendront hommage en baptisant leur firme automobile de son nom et en reprenant ses armoiries pour emblème en 1902. Divers lieux portent son nom en Amérique, notamment le Mont Cadillac dans l'État du Maine et la ville de Cadillac dans l'État du Michigan.

En 1989 Johnny Hallyday a enregistré une chanson « Cadillac » d’Etienne Roda-Gil sur un CD de « road movie » (Voir Youtube) .    

          On a pu dire à son sujet : Voilà le destin singulier d'un homme, mort à 72 ans, dans son lit, à 10 kilomètres de son village natal après avoir nargué les éléments, les microbes, les iroquois et quasiment la totalité de ses contemporains.

Jean-Antoine Delzers : « l’homme au burin ».

            Norbert Sabatié, Vice-président délégué de la Fédération Française des  Associations philatéliques de Montauban, nous a présenté cet illustre dessinateur, professeur de dessin, et graveur notamment de timbres.

            Biographie : Jean Antonin Delzers est né le 17 août 1873 à Castelsarrasin, ville où il est décédé en 1943. Son père était employé aux Hypothèques et sa mère repasseuse.

            Delzers étudie les Beaux-Arts à Toulouse puis à Paris où il est élève de Jules Jacquet, dessinateur et graveur. Il obtient le 1er Second Prix de Rome en gravure  et une bourse de l’État en 1900 . En 1923, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il reçoit aussi au Salon des Artistes français de 1926 une médaille d'honneur pour un burin représentant les « Quatre évangélistes » et il est alors classé en hors-concours.  De 1930 à 1939 il est maître de dessin à l’École  polytechnique et devient président de l'Association française des artistes graveurs au burin. J-A.Delzers est aussi connu pour ses créations de timbres postaux.

            Des gravures d’illustration : L’artiste travaille la plupart du temps sur commande de l’État et de la Ville de Paris. Il dessine, peint, et illustre pour les éditeurs français et anglais, notamment  les ouvrages de l’abbé Prévost, de Stendhal, Goethe, Courteline ….C’est avec les gravures de reproduction qu’il obtient ses plus grands succès, ainsi : 1903 « Guillaume II d’Orange et Marie-Henriette Stuart » d’près Van Dyck , ou en 1906  «  Entrée du Pape Urbain II à Toulouse  en 1095 »  et « Les Chérifas » d’après les tableaux de Benjamin Constant. Très bon portraitiste, il a immortalisé plusieurs personnalités : Pierre et Marie Curie, Balzac, Loti , Ampère, Gambetta….

            Des gravures créations de timbres : En la matière on lui doit surtout la création du « type Paix » (un timbre de France d'usage courant) et plus d’une centaine de timbres à partir de 1917 jusqu’à la fin de sa vie.  Son premier timbre pour la France est  le « Ronsard » en 1924.  

          Ses créations de timbres présentent des sujets divers : mythes (la Victoire de Samothrace), personnages célèbres ( Rouget de Lisle, Daudet, Marie Curie...), héros, commémorations (anniversaires de la Croix Rouge), monuments historiques (la cathédrale de Reims, la cité de Carcassonne), sites emblématiques ou régionaux (col de  l’Iseran, Andorre, Monaco, Eglise St Sauveur de Castelsarrasin...), édifices coloniaux, scènes de la vie indigène.…

            Après son décès, sa famille fait don de l’ensemble de son œuvre au Musée Ingres qui accueille les peintures, dessins, gravures ainsi que les meubles et outils de l’artiste.

            La technique du burin : Le burin est l’un des principaux outils utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. L’extrémité du burin est sectionnée en oblique jusqu'à former une pointe soigneusement affûtée sur la section oblique afin de creuser un sillon, de ciseler, directement dans une plaque de métal, le plus souvent de cuivre, mais aussi d’acier ou de zinc, parfois de bois. L’artiste grave à l’envers et c’est la profondeur du trait qui va créer le relief.

            La gravure : La plaque ciselée est la matrice . Après encrage, celle-ci est imprimée sur du papier ou sur un autre support. Ce mode d’impression remonte au Moyen-Age. L’œuvre en résultant est appelée « estampe », puis on procède au tirage papier. Quand la gravure est utilisée pour mettre un texte en valeur, on parle d’ « illustration ». Mais on emploie souvent le terme générique de « gravure » .

Marie- France VAINGUER

 

 

 

COMPAGNIE DES ÉCRIVAINS DE TARN-ET-GARONNE

Compte rendu de la sortie hors les murs à CASTELSARRASIN

le samedi 24 juin 2023  

Etaient présents :

Guy Astoul, Madeleine Carenco, Colette Coladon, Jean Coladon, Françoise Delmas,  Pierre Desvergnes, Dréan, Annie-Claude Elkaïm, Geneviève Falgas,  Jean-Claude Fabre,  Nicole Grenouillet , Dominique Guillo, Colette Lemieux, Marilène et René Meckler, Jacqueline Ouardes, Bernard Ouardes, Norbert Sabatié, Odile Stéphan, Christian Stierlé , Marie-France Vainguer,

Excusés :  Andrée Chabrol-Vacquier, Robert Vila, Nelly Boucheron-Seguin,  Roland Gabillon, Marguerite Escande.

Pierann souhaite la bienvenue à tous, et se réjouit de cette nouvelle occasion de passer une journée culturelle « au plein air », à la découverte de certains écrivains Tarn-et-Garonnais trop souvent oubliés.

La Compagnie fête cette année ses 30 ans d’existence , avec un deuxième Salon du livre, et  bien des productions dont le livre «  Montauban flamboyante et rebelle » et la riche collection des 12 brochures « Images et visages du 82» qui présentent tous les aspects des communes du département. Précisément un tome est consacré à Castelsarrasin où nous nous trouvons aujourd’hui.

Pierann présente le programme de la journée :

- Conférence sur Marcelle DUBA par Jacqueline OUARDES

12h30 : Repas au  RESTAURANT Le Saint Louis

14h30 : conférence sur Gaston BÉNAC par Christian STIERLÉ.

15h30 : Pause poétique

15h45 : conférence sur Antoine de Lamothe-Cadillac par Guy ASTOUL

17h : conférence sur Antonin DELZERS par Norbert SABATIÉ.

Pot de l’amitié pour clôturer la journée. 

Il passe la parole à Jacqueline Ouardes qu’il remercie d’avoir bien voulu nous présenter Marcelle DUBA , poétesse locale.

Marcelle DUBA: Née à Toulouse en 1899, elle est décédée le 24/12/1981 à Paris. Elle a vécu 30 ans à Castelsarrasin, ainsi la famille de la conférencière l’a connue. Fille d’Oc, Marcelle était une poétesse très sensible, toujours fidèle à son idéal artistique et à sa terre natale : la nôtre.

D’une nature exaltée, chrétienne sans bigoterie, avec un look précieux un rien désuet, elle s’est donné comme mission de chanter  sa « petite patrie »  à la manière des troubadours, ce qui lui apporta maints prix littéraires. Ainsi des prix de la Société des Gens de Lettres,  de l’Académie des Jeux floraux, de l’Académie du Languedoc,  et de l’Académie française ; notons entre autre, en 1966 le prix Le Fèvre-Daumier pour «  Plaisir et sagesse », en 1979 le Prix Archon-Desperouses pour « L’invisible présence » citons aussi les prix Anna De Noailles et Desbordes-Valmore.  

De nature modeste mais exigeante pour son art, elle admirait les écrivains de son temps : Paul Claudel , André Gide, François Mauriac, Jacques Maritain, Paul Valéry, André Malraux, Saint Exupéry, et bien sûr Marcel Pagnol, et Claude Nougaro . Marcelle  ne cherchait pas la gloire, elle a écrit un poème qui commence ainsi  « Que m’importe que mon nom soit gravé sur une stèle... »  préférant disait-elle « travailler pour l’avenir » .  Sa famille, qui était originaire de Larrazet où son grand’père était vannier, a beaucoup compté pour cette femme plutôt fragile mais courageuse qui déclarait  vouloir combattre la souffrance « comme un matador ».

Son père, originaire de Larrazet, fut ingénieur des Ponts et Chaussées.
Sa naissance sera précédée par deux autres sans lendemain ce qui explique sans doute que la petite fut surprotégée.  En retour celle-ci vouait une adoration à ses parents. Pour Marcelle sa maman, très chrétienne,  était à l’image de la Vierge Marie. Elle lui inculquait les valeurs fondamentales de l’époque. Son père, très actif , était cultivé, ingénieux, artiste, et vertueux. Il forma l’esprit de Marcelle tout en l’initiant aux joies des promenades et des découvertes dans la nature.  Ils vivront à Toulouse , puis à Montech .

Marcelle, d’un tempérament artistique, avec parfois des moments de déprime , s’adonnait souvent à la lecture et à la contemplation. Ainsi trouvait-elle du réconfort dans la chapelle de Seix en Ariège qui lui a inspiré ces vers :

« Oublierai-je la Chapelle / Cette halte de secours / Où je repliais mon aile /
Pour me noyer dans l’amour «  ….
et plus loin  :

« Et qu’il faut que la souffrance / Nous transforme pour l’essor/ Du rêve et de l’espérance/ Loin des ombres de la mort ! »

   Elle voulait devenir professeur de lettres, ce qui dénote une éducation rare à l’époque pour les jeunes filles. Cependant sa santé précaire interrompt parfois ses études . 

Son père meurt en 1916 alors qu’ils étaient installés à Castelsarrasin. Marcelle a une peine immense et voit, par manque d’argent, s’anéantir son rêve de professorat.  Elle s’exprime donc dans la poésie et, pour vivre, donne des cours de musique, de chant, de dessin et de sténo-dactylo. .

Par sa vie, son milieu, ses origines elle appartient à un monde classique fait de respect de la famille, de la religion et de la nature. Cette vie, elle va tout faire pour la mettre en poème, suivant des règles littéraires respectées à la lettre.

          Elle se marie tardivement à 50 ans, en 1953 avec Pierre Victor Halary qui a les même goûts qu’elle. Grâce à lui, elle se rend à Paris, accède au monde de l’édition après les éditions du Beffroi à Millau et collabore à des revues littéraires. Marcelle a une grande admiration pour celui qu’elle nomme « mon sauveur, mon pain » et qui l’encourage à écrire.

La poétesse a laissé 750 poèmes , 9 recueils : « Lys de feu »(1957) , « La harpe des nuits », « Symphonie fervente » (1962) , « Plaisir et sagesse » 1965 « Au miroir des eaux pures » 1971, « L’invisible présence » (1977) , « Les Émerveillements », « Les cascades du soir » (1982) , , « et « Le triomphe des ailes » (1985) .

          Son amour du pays natal et des lieux aimés : Toulouse, Montauban, Montech, Larrazet. lui a inspiré des poèmes à la gloire de la Saint-Alpinien, du stade Adrien Alary et des héros des inondations de 1952. Elle a su chanter comme personne  les lieux emblématiques : « Toulouse, ma ville altière », « Montauban pur joyau », le Canal du Midi, Garonne, et les pigeonniers, sans oublier les saveurs locales de la vie :  le parfum des tilleuls, les forêts de peupliers qui « ressemblaient à des cierges » , la gourmandise pour les bons produits locaux….

          Humilité et la grandeur de sa mission sont les principales caractéristiques de cette écrivaine que Jacqueline Ouardes nous a présentée avec ferveur et qui a bien mérité que la médiathèque de Castelsarrasin porte son nom  !.

Gaston Bénac :  le père du journalisme sportif français.

          Christian Stierlé, auteur de plusieurs ouvrages sur Montauban et le monde des sports, nous a fait découvrir Gaston Bénac , reporter, considéré comme le père du journalisme sportif français , né le 25 février 1881 à Castelsarrasin  et mort le 20 février 1968  à Paris. 

          Gaston Bénac, après l’école de Castelsarrasin, fit d'abord des études de droit, selon les souhaits familiaux. Mais après la guerre de 14-18 passée dans l’aviation, c'est vers le journalisme sportif qu'il se dirige en raison de sa passion pour le cyclisme et le rugby. Avec son goût pour les voyages et la rédaction, c’est surtout son admiration pour les champions : joueurs de rugby, boxeurs et cyclistes qui motivait son attention.

          En 1903 il participe à la création de « L’Union Sportive Montalbanaise » et devient en 1907 son secrétaire général.  Monté à Paris il est rédacteur des revues « L’Aéro », « Sporting » et « L’Auto » où , en 1920 il collabore avec le célèbre Henri Desgranges, tout en rédigeant des articles pour « L'Illustration », et « L'Intransigeant» en 1925. Mais il n’oublie pas son Sud-Ouest natal et en 1908 « Gastounet » pour les copains, est le principal organisateur  de l’inauguration du stade, la célèbre « cuvette » de Sapiac de Montauban qui possède une piste cyclable cimentée aux virages appréciés des coureurs locaux et régionaux .

          En 1930 il est nommé Directeur des services sportifs de « Paris-Midi » puis en 1932 de « Paris-Soir », la même année il crée une évènement avec Albert Baker d’Izy :   l'épreuve cycliste du  « Grand prix des Nations ». En 1944 il participe à « Résistance ».  Gaston Bénac a propulsé le journalisme  sportif au rang d’institution, lançant bien sûr  des cohortes de reporters sur le terrain afin de suivre l’évènement en direct où qu’il se trouve, cela avec des hommes consciencieux, et fidèles qui n’hésitaient pas à braver les intempéries et l’âpre concurrence du métier. 

En 1950 Il prend  la direction des services sportifs de « France-Soir », occupant ce poste jusqu’en 1957, année de son départ à la  retraite.

          Passionné par tous les sports, et appréciant les voyages, il a couvert tous les Jeux Olympiques de sa carrière, et 33 Tours de France. On lui doit des ouvrages  de référence : «  Les jeux olympiques de l’Antiquité à 1920 »  et « Champions dans la coulisse » en 1954. Il a produit aussi, en collaboration, des livres sur la carrière de sportifs célèbres : « la vie et la carrière de Fausto Copi, Puig-Aubert, et René Vignal »,  « la vie et la carrière de Louison Bobet , Robert Cohen, et Roger Marche ».

          Gaston Bénac parcourt le monde, interviewe, témoigne en direct au téléphone, et écrit sans avoir, dit-on,  pris de notes . Il s’est bien sûr intéressé aux carrières de Carpentier et de Marcel Cerdan.  Devenu l’ami de ce dernier, il commenta le championnat du Monde contre l'américain Tony Zale en 1948,  et fut bouleversé par sa mort accidentelle un an plus tard.  Il a été aussi témoin privilégié et reporter des combats de Dempsey  et Ray Robinson. Son talent est reconnu au plan international . Durant sa retraite il se passionne pour la tauromachie et le dressage des fauves, et rédige des articles au journal « Sud-Ouest »

          Pour conclure, notre conférencier nous confie l’estime de René Mauriès, grand reporter à « La Dépêche du Midi » et détenteur du Prix Interallié, pour Gaston Bénac : « Il possédait les trois qualités majeures nécessaires pour ce métier  : la foi, la charité et l’espérance. La foi : l’obstination pour aller de l’avant, la charité de vouloir transmettre le savoir et l’expérience aux débutants, et enfin l’espérance : la confiance dans le don et le brio de la plume journalistique.

          Gaston Bénac est décédé à l’âge de 87 ans en son domicile parisien . En reconnaissance de sa brillante carrière une place de Castelsarrasin porte son nom.

Lamothe Cadillac (Antoine Laumet de )

          Guy Astoul, qui a présenté la conférence, nous précise qu’il existe plusieurs ouvrages sur ce célèbre Castelsarrasinois, dont celui de Jean Boutonnet : « Lamothe-Cadillac : le gascon qui fonda Détroit (1658-1730) » , et celui de Robert Pico «  Cadillac, l’homme qui fonda Détroit » .

          Antoine Laumet, qui s’illustra en Amérique sous le nom de Lamothe Cadillac, est né à Saint Nicolas de la Grave le 5 mars 1658 de Jean Laumet, Lieutenant du Juge de St Nicolas et de Jeanne Péchagut. On ignore tout de sa jeunesse, sauf qu’ayant prouvé une solide culture il a vraisemblablement suivi des études chez les Jésuites.

          A 25 ans suite à son implication dans une histoire louche qui restera floue, il doit quitter la France.  Aussitôt débarqué en Amérique du Nord, alors en pleine expansion française (Cf : politique de Colbert, avec Jacques Cartier, Champlain ...,) pour se préserver d'une éventuelle reconnaissance il se forge une identité et présente des quartiers de noblesse illustrés par des armoiries qu'il crée à partir d’emprunts à d’autres familles. Voulant passer pour gentilhomme, ce qui était courant à l’époque, il se fait appeler « Sieur de Cadillac ». 

          Il se rend en Acadie de1683  à 1689. Il prétend  avoir débarqué  à Port Royal, la capitale qui sert de base à la guerre contre la Marine des colons Anglais. Dans un mémoire de 1689 il se vante d’avoir acquis une solide expérience dans l’observation des lieus, peuples, activités et religions du Nouveau Monde.

          Installé à Port Royal il est explorateur, trappeur, en Nouvelle-Angleterre et à la Nouvelle-Hollande, poussant vers le sud jusqu'à la Caroline. Il se livre au commerce notamment avec les grandes compagnies ( peaux, fourrures ) et à certains trafics (alcools), participant à l’abondement de la caisse du pouvoir royal. Il entre en rapport avec des corsaires canadiens, notamment avec le sieur Denis Guyon dont il épouse la nièce en 1687. Ils eurent 6 filles et 7 fils. Il cherche en vain à s’établir notaire car, intelligent et brillant mais hautain et arrogant, il se fait des ennemis.

          Après bien des vicissitudes (attaques de corsaires et bandits, avaries et pertes dues  aux tempêtes ) Cadillac doit échanger avec les anglais pour délivrer sa famille captive.  En  1691, il rapatrie sa famille à Québec mais leur navire est attaqué par un corsaire de Boston qui prend possession de tous leurs biens. Promu lieutenant en 1692, il est envoyé avec le cartographe Jean Baptiste Franquelin pour dresser des cartes des côtes de la Nouvelle-Angleterre en vue de préparer une attaque française sur les colonies anglaises. Il remet les cartes et un mémoire au ministre Pontchartrain et reçoit une gratification de 1 500 livres pour son travail. Renvoyé en mission pour compléter ses observations, Frontenac le promeut capitaine puis enseigne de vaisseau en 1694.  L’année suivante Cadillac  découvre le détroit reliant le lac Huron et le lac Érié et imagine y installer un nouveau fort pour rivaliser avec les Anglais. 

          Le 24 juillet 1701, Antoine de Lamothe-Cadillac construit le Fort Pontchartrain  (nom du secrétaire d’État à la Marine)  et la paroisse Sainte-Anne sur la rive du nord de la rivière Détroit . C’est ainsi  la fondation de la ville de Détroit.  Il  crée une colonie de peuplement français pour enrayer la progression anglaise. Là il est en butte à une farouche hostilité des autorités et aux membres du Conseil  supérieur  de la Nouvelle France, assemblée représentative  des intérêts commerciaux du Canada. En outre il est accusé d’abus de pouvoir et de trafic d’alcool avec les Anglais et par les Jésuites qui lui reprochent de pervertir les Indiens. Il fait l’objet d’une enquête en 1708…

          En 1710, Cadillac est nommé gouverneur de la Louisiane, la plus pauvre des colonies de l’Empire français. Il ne s’y rend qu’en 1713 et se querelle avec l’ordonnateur .  Rappelé en France en 1716, il s’embarque au cours de l’été 1717 mais il est bientôt embastillé avec son fils aîné « pour avoir parlé  contre le Gouvernement de l’État et des colonies » .  On lui reconnaît néanmoins d’avoir tenté d’établir des liens commerciaux avec le Mexique, d’avoir découvert une mine de cuivre en Illinois et, surtout, d’avoir fondé Detroit. Il est libéré au bout d’un an, rentre en bonnes grâces à la Cour et reçoit la croix de Saint-Louis en récompense de ses trente années de loyaux services.

            Il s'installe alors avec sa famille dans la maison paternelle et règle la succession de ses parents en 1718. Il effectue également de nombreux voyages à Paris pour faire reconnaître ses droits sur la concession du détroit. Il obtient gain de cause en 1722. Il vend alors sa seigneurie du détroit au canadien Jacques Baudry de Lamarche et acquiert les offices de gouverneur et major de la ville de Castelsarrasin où il décède le 15 octobre 1730. Tout près, Saint Nicolas-de-la-Grave son village natal lui a dédié un musée.

          Son esprit visionnaire est cependant indéniable et ses projets prendront corps après lui. C’est ainsi que Detroit, qui lui a érigé une statue, est devenue le centre mondial de la production automobile au XXe siècle ; William A. Murphy et Henry M. Leland lui rendront hommage en baptisant leur firme automobile de son nom et en reprenant ses armoiries pour emblème en 1902. Divers lieux portent son nom en Amérique, notamment le Mont Cadillac dans l'État du Maine et la ville de Cadillac dans l'État du Michigan.

En 1989 Johnny Hallyday a enregistré une chanson « Cadillac » d’Etienne Roda-Gil sur un CD de « road movie » (Voir Youtube) .    

          On a pu dire à son sujet : Voilà le destin singulier d'un homme, mort à 72 ans, dans son lit, à 10 kilomètres de son village natal après avoir nargué les éléments, les microbes, les iroquois et quasiment la totalité de ses contemporains.

Jean-Antoine Delzers : « l’homme au burin ».

            Norbert Sabatié, Vice-président délégué de la Fédération Française des  Associations philatéliques de Montauban, nous a présenté cet illustre dessinateur, professeur de dessin, et graveur notamment de timbres.

            Biographie : Jean Antonin Delzers est né le 17 août 1873 à Castelsarrasin, ville où il est décédé en 1943. Son père était employé aux Hypothèques et sa mère repasseuse.

            Delzers étudie les Beaux-Arts à Toulouse puis à Paris où il est élève de Jules Jacquet, dessinateur et graveur. Il obtient le 1er Second Prix de Rome en gravure  et une bourse de l’État en 1900 . En 1923, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il reçoit aussi au Salon des Artistes français de 1926 une médaille d'honneur pour un burin représentant les « Quatre évangélistes » et il est alors classé en hors-concours.  De 1930 à 1939 il est maître de dessin à l’École  polytechnique et devient président de l'Association française des artistes graveurs au burin. J-A.Delzers est aussi connu pour ses créations de timbres postaux.

            Des gravures d’illustration : L’artiste travaille la plupart du temps sur commande de l’État et de la Ville de Paris. Il dessine, peint, et illustre pour les éditeurs français et anglais, notamment  les ouvrages de l’abbé Prévost, de Stendhal, Goethe, Courteline ….C’est avec les gravures de reproduction qu’il obtient ses plus grands succès, ainsi : 1903 « Guillaume II d’Orange et Marie-Henriette Stuart » d’près Van Dyck , ou en 1906  «  Entrée du Pape Urbain II à Toulouse  en 1095 »  et « Les Chérifas » d’après les tableaux de Benjamin Constant. Très bon portraitiste, il a immortalisé plusieurs personnalités : Pierre et Marie Curie, Balzac, Loti , Ampère, Gambetta….

            Des gravures créations de timbres : En la matière on lui doit surtout la création du « type Paix » (un timbre de France d'usage courant) et plus d’une centaine de timbres à partir de 1917 jusqu’à la fin de sa vie.  Son premier timbre pour la France est  le « Ronsard » en 1924.  

          Ses créations de timbres présentent des sujets divers : mythes (la Victoire de Samothrace), personnages célèbres ( Rouget de Lisle, Daudet, Marie Curie...), héros, commémorations (anniversaires de la Croix Rouge), monuments historiques (la cathédrale de Reims, la cité de Carcassonne), sites emblématiques ou régionaux (col de  l’Iseran, Andorre, Monaco, Eglise St Sauveur de Castelsarrasin...), édifices coloniaux, scènes de la vie indigène.…

            Après son décès, sa famille fait don de l’ensemble de son œuvre au Musée Ingres qui accueille les peintures, dessins, gravures ainsi que les meubles et outils de l’artiste.

            La technique du burin : Le burin est l’un des principaux outils utilisés en taille-douce pour réaliser des gravures à la ligne. L’extrémité du burin est sectionnée en oblique jusqu'à former une pointe soigneusement affûtée sur la section oblique afin de creuser un sillon, de ciseler, directement dans une plaque de métal, le plus souvent de cuivre, mais aussi d’acier ou de zinc, parfois de bois. L’artiste grave à l’envers et c’est la profondeur du trait qui va créer le relief.

            La gravure : La plaque ciselée est la matrice . Après encrage, celle-ci est imprimée sur du papier ou sur un autre support. Ce mode d’impression remonte au Moyen-Age. L’œuvre en résultant est appelée « estampe », puis on procède au tirage papier. Quand la gravure est utilisée pour mettre un texte en valeur, on parle d’ « illustration ». Mais on emploie souvent le terme générique de « gravure » .

   

Marie- France VAINGUER

 

 


SORTIE "HORS LES MURS"

Date limite pour les inscriptions : 18 juin 2023

RESTAURANT LE SAINT LOUIS                                                

1PLACE OMER SARRAUT

82100 CASTELSARRASIN

TEL: 05.63.32.53.50

Proposition de menu pour le samedi 24 juin à midi

Menu à 25€ 

15/20 personnes

Salade de truite fumé et maquereau au poivre

Ou

Salade de coppa séché, parmesan et tapenades

Bavette de veau sauce au camembert

Ou

Filet de merlu en crumble de chorizo

Profiteroles au chocolat

Ou

Poire belle Hélène

Café

Les boissons (vin rouge et vin rosé) sont offertes par la Compagnie


 

COMPTE RENDU SORTIE HORS LES MURS

LAFRANÇAISE le 25 JUIN 2022

Etaient présents :

Colette Coladon, Jean Coladon, Françoise Delmas,  Jean-Paul Damaggio et son épouse, Pierre Desvergnes, Annie-Claude Elkaïm, Geneviève Falgas,  Jean-Claude Fabre, Gérard Garric, Christiane Ducasse, Nicole Grenouillet et 3 amies, Anne Lasserre-Vergne, Marilène et René Meckler, Norbert Sabatié, Odile Stéphan, Christian Stierlé , Marie-France Vainguer, Eliane Latu et 4 élèves du Théâtre Ecole de l'Embellie (Camille, François, Mathias et Nicolas), Robert Delbouys.

Excusés : Andrée Chabrol-Vacquier, Robert Vila, Nelly Boucheron-Seguin, Guy Astoul , Roland Gabillon, Hugues  de Jubécourt, Colette Lemieux, Marguerite Escande.

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Pierrann souhaite la bienvenue à tous, et remercie M. Alain Bellichi, Adjoint au maire de Lafrançaise qui représente l’édile empêché. Celui-ci nous parle de cette cité de 3 000 habitants à l’activité dynamique, avec de nombreux atouts de développement culturel et touristique, notamment avec sa « Vallée de loisirs ».

Au point de vue culturel, notons, parmi plusieurs églises et chapelles, la curieuse chapelle Notre Dame de Lapeyrouse, au nord ouest du bourg, reconstruite entre 1877 et 1879 en style romano-byzantin, unique en Tarn-et-Garonne. L’intérieur est décoré de peintures réalisées par le peintre Louis Cazottes en 1891. La plus importante représente l’Assomption de la Vierge. La chapelle possède également plusieurs statues du XVIIe ou XVIIIe siècle, des représentations de saint Pierre et saint Paul provenant d’un retable.

Alain Bellichi recommande de profiter des visites guidées, notamment celle du patrimoine le mercredi pour les groupes, en réservant à l’Office de tourisme.

Le président Pierann nous demande d’excuser Mme Andrée Chabrol-Vacquié qui envoie ses amitiés à la Compagnie, et d’avoir une pensée particulière pour Robert Vila, notre fidèle poète vétéran, qui vient de subir une lourde opération.

Pierann présente le programme de la journée :

-        Conférence sur Firmin BOUISSET par Annie-Claude ELKAIM,

-        Repas sur place servi par L’Auberge des Trouilles

-        Récital de poèmes par les jeunes du Théâtre école de L’Embellie et par des poètes de la Compagnie.

-        MARY LAFON et Lafrançaise par Jean-Paul DAMAGGIO

-        Louisa PAULIN : correspondances avec Antonin PERBOSC par Norbert SABATIE.

Firmin BOUYSSET conférence par Annie-Claude ELKAIM

Cette journaliste a passionné son auditoire avec l’histoire de cet artiste créateur publicitaire, originaire de Moissac, « Le roi de la publicité alimentaire » et célèbre pour, entre autre, son affiche de la petite fille du chocolat MENIER. Cette affiche a été reproduite en une immense fresque il y a 30 ans sur le mur extérieur d’une école de Moissac par une entreprise spécialisée sous la houlette de Jean COLADON artiste peintre local. Malheureusement l’humidité a eu, ses dernières années, raison de cette belle réalisation qui s’effrite peu à peu.

Annie-Claude en est à la 3ème édition de son livre « Firmin Bouisset, « La pub est un jeu d’enfant » (Ed Privat) et une association dont elle est présidente (Colette COLADON étant la trésorière) a été créée à CASTELSARRASIN, avec le soutien de la Sous-Préfecture, et de la Communauté de communes, c’est l’ « Espace Fernand Bouisset » dans un hôtel particulier dit « la maison d’Espagne » (demeure offerte par la Mairie) . Sur deux étages, entièrement dédié à cet enfant du pays, et à la Belle époque où l’art publicitaire a pris un énorme essor, ce musée a été inauguré en 2021.

Biographie : Firmin BOUISSET est né à Moissac le 2 septembre 1859, et il est mort à Paris le 19 mars 1925.

Son père est meunier et l’enfant se plaît déjà à dessiner ce qui l’entoure, et notamment des enfants. A 15 ans il réalise un croquis remarquable du Théâtre à l’italienne de Moissac aujourd’hui démoli.

Le jeune homme, qui est fasciné par les vitraux, est remarqué par Louis BOURDIEU qui le place apprenti chez un maître verrier de Toulouse . A 17 ans il obtient un 1er prix à l’Ecole des Beaux Arts et, muni d’une bourse, il part à Paris, entre aux Beaux Arts où il rencontrera BOURDELLE. Il est accueilli dans la famille de Léon CLADEL en banlieue où, dessinant les petits de la maison, il devient alors LE Peintre de l’enfance. Il se lie aussi avec Camille DELTHIL étudiant en Lettres qui devient son mentor. Celui-ci, fortuné, l’accueille et l’aide financièrement. Fernand obtient un autre 1er prix pour le tableau d’un nu masculin (exposé un temps au musée Ingres) Il a toujours un vif succès dans les salons d’expositions.

En 1883, il exécute, sur la demande du directeur de la fabrique de faïences de Sarreguemines des dessins originaux très remarqués pour décorer un nouveau service. Il a surtout beaucoup de succès pour ses illustrations de livres pour la jeunesse, et des « chromos » images pour enfants sages. Il travaille pour les ouvrages de Antonin PERBOSC, poète et conteur, autre enfant du pays.

Mais c'est par ses affiches qu'il devient célèbre et gagne très bien sa vie, c’est en cela qu’il est encore connu aujourd'hui, puisque les plus emblématiques d'entre elles, « la Petite Menier » écrivant sur un mur (sa fille Yvonne) et le petit écolier de LU (son fils Jacques qui deviendra peintre), « la petite MAGGI » font encore partie aujourd'hui du paysage publicitaire mais aussi du patrimoine culturel francophone.

Il faut dire que son art neuf de faire la « pub » a vite démodé la vieille réclame bavarde et brouillonne de l’époque. L’image parle plus que les mots. Les grands capitaines d’industries se l’arrachent : JOB, Nestlé, MAGGI… Il est copié, et doit créer même les affiches dénonçant les contrefaçons de marques ! Ces concepts se déclinent bientôt sur divers supports : ce sont les objets publicitaires.

Parallèlement Bouisset réalise des tableaux, des litographies, et s’intéresse tant à la gravure qu’il tentera même d'ouvrir à Moissac un musée de la gravure avec des planches rares des meilleurs artistes du moment. Ce projet peu soutenu par la municipalité de l'époque périclitera en 1914.

Toujours chercheur, voilà que Bouisset s’intéresse de plus près à la lithographie ! il a l’idée de faire sculpter des matrices plus résistantes et durables en pierre de Bavière qu’il fait acheminer par le train. Ce créateur est membre du jury de « la Gravure et des Arts décoratifs », il plaide pour une Académie ouverte aux femmes et le respect des enfants contrains de travailler. Officier de l'Instruction publique en 1897, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur en février 1903.

Rappelons que Henri ENA historien de MOISSAC a redonné vie aux personnages célèbres ou oubliés de cette région et ce fut notamment le cas pour Firmin Bouisset.

L’Espace Firmin BOUISSET 10 rue du Collège à CASTELSARRASIN permet, au cours d’une déambulation thématique, aux petits et grands de découvrir cette œuvre originale et protéiforme.

:Adresse mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.">Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

---------------------Pause médiane avec le repas--------------------

Le Président évoque le futur anniversaire de la Compagnie (30 ans), et propose la lecture de textes poétiques extraits des plaquettes « Poètes à l’école » éditées par la Compagnie des Ecrivains pour diffusion dans les établissements scolaires.

Les jeunes du Théâtre école de la Cie de l’Embellie, sous la houlette de Mme Lily LATU lisent :

-        François : « Sous le Pont Mirabeau » de Guillaume APPOLINAIRE et « Auprès de mon arbre » de G. BRASSENS

-        Nicolas : « C’est nous la jeunesse de France » de Pierre CADORI (.. ?) et un texte de Jean METELLUS

-        Mathias : « La vieille » de Louisa PAULIN, et « Voici les mains » de Lucien TRICHAUD

-        Camille : « Le crime a eu lieu à Grenade » , «  Ils ont tué Fédérico » de Antonio MACHADO et « Angine de poitrine » de Nazim HIKMET

 

Norbert lit « Le lièvre » de Robert VILA.

Des adhérents de la Cie nous lisent leurs poèmes :

-        Françoise DELMAS « La messagère »

-        Marylène MEKLER « Le clown »

-        PIERANN « L’enfance »

Le Président au nom de la Compagnie remet un chèque de 25 € à chaque jeune comédien.

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Jean-Paul DAMAGGIO conférence sur MARY-LAFON et Lafrançaise

Jean, Bernard, Marie LAFON est né à LAFRANCAISE en 1810. Son père, républicain, est surnommé « le médecin des pauvres », sa mère décède 4 jours après sa naissance. Mis en nourrice à Lunel, il est ensuite élevé par une grand’mère aristocrate acquise aux idées rousseauistes. Au décès de cette celle-ci Jean se réfugie dans la lecture et la nature.

Pendant ses études secondaires au lycée de Montauban il se passionne pour la littérature ancienne et actuelle, et décide d’être écrivain. Cependant il tient beaucoup à ses racines villageoises du Sud et veut défendre la langue Occitane. Toute sa vie d’ailleurs il s’est battu pour que la France puisse inclure sa part méridionale à son histoire et à sa culture.

          A 20 ans en 1830 il part à Paris. Très vite il se retrouve en pleine révolution des « trois glorieuses » et, bienveillant pour les plus humbles, il s’y engage avec ses amis comme lui près du Peuple. Il se sent très proche des Romantiques, il en rencontre certains, mais il en dénonce les excès, n’oubliant pas les idées de son père. Il est pour toujours, près du peuple, et Républicain. Il fera d’ailleurs souvent l’éloge de poètes ouvriers de son temps écrivant en français ou en occitan.

Pourquoi MARY ? Par son côté un peu fantaisiste, il modifie son nom : Pensant à Aurore DUPIN devenue Georges SAND et tenant à son 3ème prénom de Marie qui était aussi celui de sa mère et de sa grand’mère, il met un Y à la place des i et e et devient : MARY-LAFON. Malicieux lorsqu’on l’annonce dans un salon, il se plaît à laisser croire qu’il est une femme.

1844 : A partir de 34 ans il écrit quatre volumes de son « Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France » et qu’il complète en 1880 où il règle ses comptes avec Mistral qu’il considère comme renégat. Il s’oppose à l’Agenais JASMIN qu’il trouve flatteur pour les notables mais ignorant de la langue occitane, bref pour lui un plaisantin.

Cependant Mary-Lafon glorifia toujours la grandeur de la noblesse contre l’arrivisme des bourgeois et la grandeur du peuple paysan et ouvrier contre le même arrivisme bourgeois pour qui l’argent est roi. Cette double position, comme pour Cladel, en font des précurseurs de l’occitanisme.

Mary-Lafon a voulu à partir de politique, religion et même de littérature, écrire une autre histoire. En revenant vers les textes des troubadours, en les ressuscitant, il se montre paradoxalement précurseur et ces troubadours ont la part belle dans son Histoire, tout comme les chants populaires du Quercy. Pour lui la France pays d’avenir doit apprendre de ce passé. Citons ses traductions de : « Les Aventures du chevalier Jaufre et de la belle Brunissende », « Le Chevalier noir » « Le Roman de Gérard de Roussillon », « La Dame de Bourbon », « Chanson de la Croisade albigeoise ». .

L’IDEE LATINE.

Cela n’empêche pas, au-delà, Mary-Lafon de penser qu’une alliance étroite, indissoluble et fraternelle dans la vérité de ce mot, doit se former entre tous les peuples enfants de la race latine, c’est « l’idée latine ».

A propos de Rome l’historien consulte par un subterfuge les archives du Vatican. Au nom d’un catholicisme qu’il souhaite authentique, il combat alors les excès des papes, ceci malgré son catholicisme, si bien que certains le croient protestant ! Ouvrages : « Mille ans de guerre entre Rome et les papes » et « Pasquin et Marforio » ouvrages qui feront polémique. Fouillant inlassablement les archives il écrit aussi l’« Histoire d’une ville protestante » sur les guerres de religions à Montauban à différentes époques. Il s’efforce de rester objectif et serein pour ne froisser personne.

Pour mieux le connaître on peut lire ce qu’en a dit Paul de BEAUREPAIRE FROMENT (Moissagais) âme de la Revue du Traditionnisme (la tradition vers le futur, à ne pas confondre avec le traditionnalisme, la tradition « en arrière ») et inconditionnel de M-LAFON. Lors de la grande fête du centenaire de Mary-Lafon à Lafrançaise en 1910 il a déclaré : « Il est et demeure le seul auteur qui ait écrit l’Histoire du Midi dans son ensemble. Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi (1845 en 4 vol.) « Rome ancienne et moderne » « Histoire de l’Espagne » trilogie des peuples frères méditerranéens. C’est lui le premier qui, patriotiquement a voulu faire connaître, en dehors du monde savant, et vulgariser auprès du peuple méridional, toutes nos gloires littéraires ou historiques Occitanes, et il y employa sa vie, sans compter sa fortune »

Ajoutons que Mary-Lafon incluait dans ce peuple les frères latins de l’Amérique. Il a laissé aussi une « Histoire de l’Espagne » et un ouvrage sur « la peste de Marseille ».

Cet auteur aux multiples talents a été admirateur de Firmin BOUISSET, et a rencontré d’autres célébrités : Camille DELTHIL, Léon CLADEL….

Il a produit aussi toute une correspondance, de très nombreux articles de presse (notamment sur Ingres, Olympe de Gouges…) , des traductions, des poèmes (« Mes primevères ») , des récits, et des pièces de théâtre « La jolie royaliste » « La belle sœur », «Le chevalier de Pomponne »…

Il se marie à 50 ans avec une anglaise : Nancy (qui écrivait aussi) qui l’accompagnera fidèlement jusqu’à la fin et à laquelle il sera rendu hommage lors du centenaire de l’auteur en 1910, elle avait alors 76 ans.

A la fin de sa vie Mary-Lafon, Chevalier de la Légion d’Honneur, se fixe à Montauban où il dirige la Bibliothèque et fait partie de nombreuses sociétés savantes. Il publie son autobiographie «  Cinquante ans de vie littéraire »

Il est mort en 1884 à Aussonne, banlieue de Montauban. En 1910 le Conseil Municipal de Montauban a décidé de donner son nom à la rue Saint-Georges, qu’habita Mary-Lafon…mais son portrait, signé d’un Italien, a été relégué dans les réserves du Musée Ingres !

Il est possible d’en savoir beaucoup plus sur ce brillant auteur engagé , d’origine locale, en consultant le net, notamment les textes de Jean-Paul DAMAGGIO qui nous a offert cette passionnante conférence.

VOIR : http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2022/06/08/39510638.html

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III. Conférence de Norbert SABATIE sur Louisa PAULIN

Louisa PAULIN naît en 1888 à Réalmont dans le Tarn dans une famille paysanne où l’on parle l’occitan, ses parents y tenaient un café. Apprenant le français à l’école primaire, elle est très bonne élève. Elle entre à l’Ecole normale d’institutrices d’Albi en 1904. Elle se marie très jeune et donne naissance à trois enfants, morts en bas âge. Elle divorce en 1912, elle a 24 ans . Stagiaire une année à l’Ecole Primaire Supérieure d’ Albi, elle est titularisée à celle de Tulle où elle restera 17 ans.

A partir de 1928, elle commence à publier en français des contes et des essais régionalistes dans « La Vie limousine ». Peu après sa titularisation à Albi, sa santé se dégrade : elle est malheureusement atteinte de neuropathie amymoïde, une maladie génétique qui détériore peu à peu sa vue et paralyse les membres.

Contrainte de prendre une retraite anticipée en 1932, elle s'installe à Réalmont, son village natal, où elle travaille intensément à ses textes désormais en occitan, prenant des cours par correspondance au Collège d’Occitanie de Toulouse.

En 1934, grâce à un voyage en Catalogne, elle découvre la dignité du catalan qui lui est compréhensible . « J’ai découvert, dit-elle, des analogies frappantes entre le catalan et mon languedocien. » Écrivaine consciencieuse, elle désire écrire parfaitement dans la langue qu’elle parle mais ne sait pas écrire. De 1934 à 1944 Louisa montre une intense activité créatrice. Elle obtient cinq prix à l’Académie des Jeux Floraux, et en 1937 le prix de poésie du « Goéland », un journal littéraire, grâce à un recueil intitulé « Airs villageois » .

Un « amor de lonh : Antonin PERBOSC instituteur en Tarn-et-Garonne son aîné de 20 ans, également écrivain et occitaniste, remarque la qualité des poèmes qu’elle fait publier, ainsi que des contes et des essais. Là commence la correspondance épistolaire entre Louisa et Antonin, sans que leur rencontre ait lieu car c’est un « amor de lonh» (amour de loin). Tous deux sont amoureux de la langue d’Oc, de la nature porte parole des émotions (fleurs, chants d’oiseaux : Louisa : « chanson du « Rossinholet ») de la vie campagnarde, et des traditions. Perbosc corrige ses poèmes, il devient son maître à penser, lui permet de progresser, jusqu’à ce que Louisa démontre un vrai talent personnel abouti. Admirative, Louisa écrit à Perbosc : « Ce que j’écris, c’est vous et c’est moi, et sans vous, jamais je n’aurais pu être moi. »

La maladie l’oppresse mais, très sensible à la beauté, elle ressent le moindre bonheur devant une rose, ou à l’écoute d’une source, et de chants d’oiseaux (« Lo cant del gal – « L’aucèl salvatge »–« Lo nis »).

Elle se remémore aussi les lieux, les paysages aimés « toutes ces choses que je connais mais ne vois pas » écrit-elle.

Au début des années 1940 paraîtront ses premiers poèmes en occitan : Sorgas, Montségur, Fresca, Violonaire d’inferm (« Le ménestrier infernal »). Devenue presque aveugle, elle dicte ses textes et ses lettres aux amis qui viennent la voir.    « Quelqu’un », son dernier poème, est lu pour nous par Pierann.

Louisa a publié plusieurs recueils de poèmes dont « Cour d’Amour ». Norbert nous lit des extraits « Sorgas » (sources) et fait écouter « Direm a la nòstra nena » interprété par Daniel Loddo et Céline Ricard (groupe occitan La Talvera).

Pour donner un exemple des écrits basés sur la tradition orale, tout comme chez Antonin Perbosc qui a collecté de nombreux contes et récits traditionnels (« Proverbes et dictons du pays d’Oc » –« Al pais de la gata blanca » )Norbert lit « L’escalièr de veire » et Odile sa traduction française « L’escalier de verre » dont voici l’extrait final :

Alara per quitar aquela tèrra                    Alors pour quitter cette terre
tornèri montar l'Escalièr de veire.            j'ai repris l'Escalier de verre.

Lor diguèri a totes çò qu'aviái vist
           J'ai dit à tous ceux que j'ai vus
mas degun alara que me creguèsse.           et personne, alors, ne m'a cru.
Mas s'o volètz tot saupre                            Mais si vous voulez tout savoir
clucatz los uèlhs e anatz-i veire.                 fermez les yeux, allez-y voir.

Preni la clau e la sarri                                Je prends la clé et je la serre
al fons de l'escalièr.                                     au bas de l'Escalier de verre.

Lo que la trobarà                                        Celui qui la retrouvera
lo meu pichon conte acabarà.                    mon petit conte achèvera.

La clau degun l'a pas trobada                    Personne n'a trouvé la clé.
Cric ! Crac ! lo meu conte es acabat.         Cric ! Crac ! mon conte est achevé.

Puis nous écoutons « Airolet » (Ariette de l’eau vive), « La ronda dels morts » ainsi qu’un poème interprété par « La Talvera », tiré du CD « Cançons del silenci ».

En 1943, Louisa fait paraître « Colombe de la paix », signe d’espoir pendant l’Occupation. Antonin Perbosc et Louisa Paulin décèdent tous deux en 1944.

Leur correspondance sera rassemblée et publiée.

En 2017 l’Université Paul-Valéry de Montpellier a rendu hommage à Louisa en publiant : «  De la vie à l’œuvre – 1888/1944 » Notons que les textes de la poétesse sont utilisés pour enseigner l'occitan, et que sa notoriété a fait d'elle l'icône de la commune de Réalmont. Une plaque orne encore le premier étage d'un immeuble où elle vivait sur l'actuelle Place de la République, et plusieurs établissements portent son nom.

          Cette belle journée s’est achevée par le verre de l’amitié permettant des échanges entre les participants : conférenciers et auditeurs.

 

Marie-France VAINGUER

ACCEUIL CAFE

 

 LE PUBLIC A LECOUTE

 ALAIN BELLICHI ADJOINT AU MAIRE

ANNIE-CLAUDE ELKAIM 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A TABLE

  

A TABLE 2

 

 

 

LE PRESIDENT DELEGUE A UNE PETITE FAIM

BON APPETIT

 

 

 THEATRE ECOLE

 

CAMILLE

FRANCOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

MATHIAS

NICOLAS

PIERANN ET LE THEATRE ECOLE

 

 

 FRANCOISE DELMAS

 

 MARILENE MECKLER

JEAN-PAUL DAMAGGIO 2

 

NORBERT SABATIER

ODILE STEPHAN ET NORBERT SABATIE

GENEVIEVE FALGAS

 

LASSISTANCE

 EXTERIEUR