SORTIE "HORS LES MURS"
Date limite pour les inscriptions : 18 juin 2023
RESTAURANT LE SAINT LOUIS
1PLACE OMER SARRAUT
82100 CASTELSARRASIN
TEL: 05.63.32.53.50
Proposition de menu pour le samedi 24 juin à midi
Menu à 25€
15/20 personnes
Salade de truite fumé et maquereau au poivre
Ou
Salade de coppa séché, parmesan et tapenades
Bavette de veau sauce au camembert
Ou
Filet de merlu en crumble de chorizo
Profiteroles au chocolat
Ou
Poire belle Hélène
Café
Les boissons (vin rouge et vin rosé) sont offertes par la Compagnie
COMPTE RENDU SORTIE HORS LES MURS
LAFRANÇAISE le 25 JUIN 2022
Etaient présents :
Colette Coladon, Jean Coladon, Françoise Delmas, Jean-Paul Damaggio et son épouse, Pierre Desvergnes, Annie-Claude Elkaïm, Geneviève Falgas, Jean-Claude Fabre, Gérard Garric, Christiane Ducasse, Nicole Grenouillet et 3 amies, Anne Lasserre-Vergne, Marilène et René Meckler, Norbert Sabatié, Odile Stéphan, Christian Stierlé , Marie-France Vainguer, Eliane Latu et 4 élèves du Théâtre Ecole de l'Embellie (Camille, François, Mathias et Nicolas), Robert Delbouys.
Excusés : Andrée Chabrol-Vacquier, Robert Vila, Nelly Boucheron-Seguin, Guy Astoul , Roland Gabillon, Hugues de Jubécourt, Colette Lemieux, Marguerite Escande.
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Pierrann souhaite la bienvenue à tous, et remercie M. Alain Bellichi, Adjoint au maire de Lafrançaise qui représente l’édile empêché. Celui-ci nous parle de cette cité de 3 000 habitants à l’activité dynamique, avec de nombreux atouts de développement culturel et touristique, notamment avec sa « Vallée de loisirs ».
Au point de vue culturel, notons, parmi plusieurs églises et chapelles, la curieuse chapelle Notre Dame de Lapeyrouse, au nord ouest du bourg, reconstruite entre 1877 et 1879 en style romano-byzantin, unique en Tarn-et-Garonne. L’intérieur est décoré de peintures réalisées par le peintre Louis Cazottes en 1891. La plus importante représente l’Assomption de la Vierge. La chapelle possède également plusieurs statues du XVIIe ou XVIIIe siècle, des représentations de saint Pierre et saint Paul provenant d’un retable.
Alain Bellichi recommande de profiter des visites guidées, notamment celle du patrimoine le mercredi pour les groupes, en réservant à l’Office de tourisme.
Le président Pierann nous demande d’excuser Mme Andrée Chabrol-Vacquié qui envoie ses amitiés à la Compagnie, et d’avoir une pensée particulière pour Robert Vila, notre fidèle poète vétéran, qui vient de subir une lourde opération.
Pierann présente le programme de la journée :
- Conférence sur Firmin BOUISSET par Annie-Claude ELKAIM,
- Repas sur place servi par L’Auberge des Trouilles
- Récital de poèmes par les jeunes du Théâtre école de L’Embellie et par des poètes de la Compagnie.
- MARY LAFON et Lafrançaise par Jean-Paul DAMAGGIO
- Louisa PAULIN : correspondances avec Antonin PERBOSC par Norbert SABATIE.
Firmin BOUYSSET conférence par Annie-Claude ELKAIM
Cette journaliste a passionné son auditoire avec l’histoire de cet artiste créateur publicitaire, originaire de Moissac, « Le roi de la publicité alimentaire » et célèbre pour, entre autre, son affiche de la petite fille du chocolat MENIER. Cette affiche a été reproduite en une immense fresque il y a 30 ans sur le mur extérieur d’une école de Moissac par une entreprise spécialisée sous la houlette de Jean COLADON artiste peintre local. Malheureusement l’humidité a eu, ses dernières années, raison de cette belle réalisation qui s’effrite peu à peu.
Annie-Claude en est à la 3ème édition de son livre « Firmin Bouisset, « La pub est un jeu d’enfant » (Ed Privat) et une association dont elle est présidente (Colette COLADON étant la trésorière) a été créée à CASTELSARRASIN, avec le soutien de la Sous-Préfecture, et de la Communauté de communes, c’est l’ « Espace Fernand Bouisset » dans un hôtel particulier dit « la maison d’Espagne » (demeure offerte par la Mairie) . Sur deux étages, entièrement dédié à cet enfant du pays, et à la Belle époque où l’art publicitaire a pris un énorme essor, ce musée a été inauguré en 2021.
Biographie : Firmin BOUISSET est né à Moissac le 2 septembre 1859, et il est mort à Paris le 19 mars 1925.
Son père est meunier et l’enfant se plaît déjà à dessiner ce qui l’entoure, et notamment des enfants. A 15 ans il réalise un croquis remarquable du Théâtre à l’italienne de Moissac aujourd’hui démoli.
Le jeune homme, qui est fasciné par les vitraux, est remarqué par Louis BOURDIEU qui le place apprenti chez un maître verrier de Toulouse . A 17 ans il obtient un 1er prix à l’Ecole des Beaux Arts et, muni d’une bourse, il part à Paris, entre aux Beaux Arts où il rencontrera BOURDELLE. Il est accueilli dans la famille de Léon CLADEL en banlieue où, dessinant les petits de la maison, il devient alors LE Peintre de l’enfance. Il se lie aussi avec Camille DELTHIL étudiant en Lettres qui devient son mentor. Celui-ci, fortuné, l’accueille et l’aide financièrement. Fernand obtient un autre 1er prix pour le tableau d’un nu masculin (exposé un temps au musée Ingres) Il a toujours un vif succès dans les salons d’expositions.
En 1883, il exécute, sur la demande du directeur de la fabrique de faïences de Sarreguemines des dessins originaux très remarqués pour décorer un nouveau service. Il a surtout beaucoup de succès pour ses illustrations de livres pour la jeunesse, et des « chromos » images pour enfants sages. Il travaille pour les ouvrages de Antonin PERBOSC, poète et conteur, autre enfant du pays.
Mais c'est par ses affiches qu'il devient célèbre et gagne très bien sa vie, c’est en cela qu’il est encore connu aujourd'hui, puisque les plus emblématiques d'entre elles, « la Petite Menier » écrivant sur un mur (sa fille Yvonne) et le petit écolier de LU (son fils Jacques qui deviendra peintre), « la petite MAGGI » font encore partie aujourd'hui du paysage publicitaire mais aussi du patrimoine culturel francophone.
Il faut dire que son art neuf de faire la « pub » a vite démodé la vieille réclame bavarde et brouillonne de l’époque. L’image parle plus que les mots. Les grands capitaines d’industries se l’arrachent : JOB, Nestlé, MAGGI… Il est copié, et doit créer même les affiches dénonçant les contrefaçons de marques ! Ces concepts se déclinent bientôt sur divers supports : ce sont les objets publicitaires.
Parallèlement Bouisset réalise des tableaux, des litographies, et s’intéresse tant à la gravure qu’il tentera même d'ouvrir à Moissac un musée de la gravure avec des planches rares des meilleurs artistes du moment. Ce projet peu soutenu par la municipalité de l'époque périclitera en 1914.
Toujours chercheur, voilà que Bouisset s’intéresse de plus près à la lithographie ! il a l’idée de faire sculpter des matrices plus résistantes et durables en pierre de Bavière qu’il fait acheminer par le train. Ce créateur est membre du jury de « la Gravure et des Arts décoratifs », il plaide pour une Académie ouverte aux femmes et le respect des enfants contrains de travailler. Officier de l'Instruction publique en 1897, il est fait Chevalier de la Légion d’honneur en février 1903.
Rappelons que Henri ENA historien de MOISSAC a redonné vie aux personnages célèbres ou oubliés de cette région et ce fut notamment le cas pour Firmin Bouisset.
L’Espace Firmin BOUISSET 10 rue du Collège à CASTELSARRASIN permet, au cours d’une déambulation thématique, aux petits et grands de découvrir cette œuvre originale et protéiforme.
:Adresse mail :
---------------------Pause médiane avec le repas--------------------
Le Président évoque le futur anniversaire de la Compagnie (30 ans), et propose la lecture de textes poétiques extraits des plaquettes « Poètes à l’école » éditées par la Compagnie des Ecrivains pour diffusion dans les établissements scolaires.
Les jeunes du Théâtre école de la Cie de l’Embellie, sous la houlette de Mme Lily LATU lisent :
- François : « Sous le Pont Mirabeau » de Guillaume APPOLINAIRE et « Auprès de mon arbre » de G. BRASSENS
- Nicolas : « C’est nous la jeunesse de France » de Pierre CADORI (.. ?) et un texte de Jean METELLUS
- Mathias : « La vieille » de Louisa PAULIN, et « Voici les mains » de Lucien TRICHAUD
- Camille : « Le crime a eu lieu à Grenade » , « Ils ont tué Fédérico » de Antonio MACHADO et « Angine de poitrine » de Nazim HIKMET
Norbert lit « Le lièvre » de Robert VILA.
Des adhérents de la Cie nous lisent leurs poèmes :
- Françoise DELMAS « La messagère »
- Marylène MEKLER « Le clown »
- PIERANN « L’enfance »
Le Président au nom de la Compagnie remet un chèque de 25 € à chaque jeune comédien.
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Jean-Paul DAMAGGIO conférence sur MARY-LAFON et Lafrançaise
Jean, Bernard, Marie LAFON est né à LAFRANCAISE en 1810. Son père, républicain, est surnommé « le médecin des pauvres », sa mère décède 4 jours après sa naissance. Mis en nourrice à Lunel, il est ensuite élevé par une grand’mère aristocrate acquise aux idées rousseauistes. Au décès de cette celle-ci Jean se réfugie dans la lecture et la nature.
Pendant ses études secondaires au lycée de Montauban il se passionne pour la littérature ancienne et actuelle, et décide d’être écrivain. Cependant il tient beaucoup à ses racines villageoises du Sud et veut défendre la langue Occitane. Toute sa vie d’ailleurs il s’est battu pour que la France puisse inclure sa part méridionale à son histoire et à sa culture.
A 20 ans en 1830 il part à Paris. Très vite il se retrouve en pleine révolution des « trois glorieuses » et, bienveillant pour les plus humbles, il s’y engage avec ses amis comme lui près du Peuple. Il se sent très proche des Romantiques, il en rencontre certains, mais il en dénonce les excès, n’oubliant pas les idées de son père. Il est pour toujours, près du peuple, et Républicain. Il fera d’ailleurs souvent l’éloge de poètes ouvriers de son temps écrivant en français ou en occitan.
Pourquoi MARY ? Par son côté un peu fantaisiste, il modifie son nom : Pensant à Aurore DUPIN devenue Georges SAND et tenant à son 3ème prénom de Marie qui était aussi celui de sa mère et de sa grand’mère, il met un Y à la place des i et e et devient : MARY-LAFON. Malicieux lorsqu’on l’annonce dans un salon, il se plaît à laisser croire qu’il est une femme.
1844 : A partir de 34 ans il écrit quatre volumes de son « Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi de la France » et qu’il complète en 1880 où il règle ses comptes avec Mistral qu’il considère comme renégat. Il s’oppose à l’Agenais JASMIN qu’il trouve flatteur pour les notables mais ignorant de la langue occitane, bref pour lui un plaisantin.
Cependant Mary-Lafon glorifia toujours la grandeur de la noblesse contre l’arrivisme des bourgeois et la grandeur du peuple paysan et ouvrier contre le même arrivisme bourgeois pour qui l’argent est roi. Cette double position, comme pour Cladel, en font des précurseurs de l’occitanisme.
Mary-Lafon a voulu à partir de politique, religion et même de littérature, écrire une autre histoire. En revenant vers les textes des troubadours, en les ressuscitant, il se montre paradoxalement précurseur et ces troubadours ont la part belle dans son Histoire, tout comme les chants populaires du Quercy. Pour lui la France pays d’avenir doit apprendre de ce passé. Citons ses traductions de : « Les Aventures du chevalier Jaufre et de la belle Brunissende », « Le Chevalier noir » « Le Roman de Gérard de Roussillon », « La Dame de Bourbon », « Chanson de la Croisade albigeoise ». .
L’IDEE LATINE.
Cela n’empêche pas, au-delà, Mary-Lafon de penser qu’une alliance étroite, indissoluble et fraternelle dans la vérité de ce mot, doit se former entre tous les peuples enfants de la race latine, c’est « l’idée latine ».
A propos de Rome l’historien consulte par un subterfuge les archives du Vatican. Au nom d’un catholicisme qu’il souhaite authentique, il combat alors les excès des papes, ceci malgré son catholicisme, si bien que certains le croient protestant ! Ouvrages : « Mille ans de guerre entre Rome et les papes » et « Pasquin et Marforio » ouvrages qui feront polémique. Fouillant inlassablement les archives il écrit aussi l’« Histoire d’une ville protestante » sur les guerres de religions à Montauban à différentes époques. Il s’efforce de rester objectif et serein pour ne froisser personne.
Pour mieux le connaître on peut lire ce qu’en a dit Paul de BEAUREPAIRE FROMENT (Moissagais) âme de la Revue du Traditionnisme (la tradition vers le futur, à ne pas confondre avec le traditionnalisme, la tradition « en arrière ») et inconditionnel de M-LAFON. Lors de la grande fête du centenaire de Mary-Lafon à Lafrançaise en 1910 il a déclaré : « Il est et demeure le seul auteur qui ait écrit l’Histoire du Midi dans son ensemble. Histoire politique, religieuse et littéraire du Midi (1845 en 4 vol.) « Rome ancienne et moderne » « Histoire de l’Espagne » trilogie des peuples frères méditerranéens. C’est lui le premier qui, patriotiquement a voulu faire connaître, en dehors du monde savant, et vulgariser auprès du peuple méridional, toutes nos gloires littéraires ou historiques Occitanes, et il y employa sa vie, sans compter sa fortune »
Ajoutons que Mary-Lafon incluait dans ce peuple les frères latins de l’Amérique. Il a laissé aussi une « Histoire de l’Espagne » et un ouvrage sur « la peste de Marseille ».
Cet auteur aux multiples talents a été admirateur de Firmin BOUISSET, et a rencontré d’autres célébrités : Camille DELTHIL, Léon CLADEL….
Il a produit aussi toute une correspondance, de très nombreux articles de presse (notamment sur Ingres, Olympe de Gouges…) , des traductions, des poèmes (« Mes primevères ») , des récits, et des pièces de théâtre « La jolie royaliste » « La belle sœur », «Le chevalier de Pomponne »…
Il se marie à 50 ans avec une anglaise : Nancy (qui écrivait aussi) qui l’accompagnera fidèlement jusqu’à la fin et à laquelle il sera rendu hommage lors du centenaire de l’auteur en 1910, elle avait alors 76 ans.
A la fin de sa vie Mary-Lafon, Chevalier de la Légion d’Honneur, se fixe à Montauban où il dirige la Bibliothèque et fait partie de nombreuses sociétés savantes. Il publie son autobiographie « Cinquante ans de vie littéraire »
Il est mort en 1884 à Aussonne, banlieue de Montauban. En 1910 le Conseil Municipal de Montauban a décidé de donner son nom à la rue Saint-Georges, qu’habita Mary-Lafon…mais son portrait, signé d’un Italien, a été relégué dans les réserves du Musée Ingres !
Il est possible d’en savoir beaucoup plus sur ce brillant auteur engagé , d’origine locale, en consultant le net, notamment les textes de Jean-Paul DAMAGGIO qui nous a offert cette passionnante conférence.
VOIR : http://viedelabrochure.canalblog.com/archives/2022/06/08/39510638.html
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III. Conférence de Norbert SABATIE sur Louisa PAULIN
Louisa PAULIN naît en 1888 à Réalmont dans le Tarn dans une famille paysanne où l’on parle l’occitan, ses parents y tenaient un café. Apprenant le français à l’école primaire, elle est très bonne élève. Elle entre à l’Ecole normale d’institutrices d’Albi en 1904. Elle se marie très jeune et donne naissance à trois enfants, morts en bas âge. Elle divorce en 1912, elle a 24 ans . Stagiaire une année à l’Ecole Primaire Supérieure d’ Albi, elle est titularisée à celle de Tulle où elle restera 17 ans.
A partir de 1928, elle commence à publier en français des contes et des essais régionalistes dans « La Vie limousine ». Peu après sa titularisation à Albi, sa santé se dégrade : elle est malheureusement atteinte de neuropathie amymoïde, une maladie génétique qui détériore peu à peu sa vue et paralyse les membres.
Contrainte de prendre une retraite anticipée en 1932, elle s'installe à Réalmont, son village natal, où elle travaille intensément à ses textes désormais en occitan, prenant des cours par correspondance au Collège d’Occitanie de Toulouse.
En 1934, grâce à un voyage en Catalogne, elle découvre la dignité du catalan qui lui est compréhensible . « J’ai découvert, dit-elle, des analogies frappantes entre le catalan et mon languedocien. » Écrivaine consciencieuse, elle désire écrire parfaitement dans la langue qu’elle parle mais ne sait pas écrire. De 1934 à 1944 Louisa montre une intense activité créatrice. Elle obtient cinq prix à l’Académie des Jeux Floraux, et en 1937 le prix de poésie du « Goéland », un journal littéraire, grâce à un recueil intitulé « Airs villageois » .
Un « amor de lonh : Antonin PERBOSC instituteur en Tarn-et-Garonne son aîné de 20 ans, également écrivain et occitaniste, remarque la qualité des poèmes qu’elle fait publier, ainsi que des contes et des essais. Là commence la correspondance épistolaire entre Louisa et Antonin, sans que leur rencontre ait lieu car c’est un « amor de lonh» (amour de loin). Tous deux sont amoureux de la langue d’Oc, de la nature porte parole des émotions (fleurs, chants d’oiseaux : Louisa : « chanson du « Rossinholet ») de la vie campagnarde, et des traditions. Perbosc corrige ses poèmes, il devient son maître à penser, lui permet de progresser, jusqu’à ce que Louisa démontre un vrai talent personnel abouti. Admirative, Louisa écrit à Perbosc : « Ce que j’écris, c’est vous et c’est moi, et sans vous, jamais je n’aurais pu être moi. »
La maladie l’oppresse mais, très sensible à la beauté, elle ressent le moindre bonheur devant une rose, ou à l’écoute d’une source, et de chants d’oiseaux (« Lo cant del gal – « L’aucèl salvatge »–« Lo nis »).
Elle se remémore aussi les lieux, les paysages aimés « toutes ces choses que je connais mais ne vois pas » écrit-elle.
Au début des années 1940 paraîtront ses premiers poèmes en occitan : Sorgas, Montségur, Fresca, Violonaire d’inferm (« Le ménestrier infernal »). Devenue presque aveugle, elle dicte ses textes et ses lettres aux amis qui viennent la voir. « Quelqu’un », son dernier poème, est lu pour nous par Pierann.
Louisa a publié plusieurs recueils de poèmes dont « Cour d’Amour ». Norbert nous lit des extraits « Sorgas » (sources) et fait écouter « Direm a la nòstra nena » interprété par Daniel Loddo et Céline Ricard (groupe occitan La Talvera).
Pour donner un exemple des écrits basés sur la tradition orale, tout comme chez Antonin Perbosc qui a collecté de nombreux contes et récits traditionnels (« Proverbes et dictons du pays d’Oc » –« Al pais de la gata blanca » )Norbert lit « L’escalièr de veire » et Odile sa traduction française « L’escalier de verre » dont voici l’extrait final :
Alara per quitar aquela tèrra Alors pour quitter cette terre
tornèri montar l'Escalièr de veire. j'ai repris l'Escalier de verre.
Lor diguèri a totes çò qu'aviái vist J'ai dit à tous ceux que j'ai vus
mas degun alara que me creguèsse. et personne, alors, ne m'a cru.
Mas s'o volètz tot saupre Mais si vous voulez tout savoir
clucatz los uèlhs e anatz-i veire. fermez les yeux, allez-y voir.
Preni la clau e la sarri Je prends la clé et je la serre
al fons de l'escalièr. au bas de l'Escalier de verre.
Lo que la trobarà Celui qui la retrouvera
lo meu pichon conte acabarà. mon petit conte achèvera.
La clau degun l'a pas trobada Personne n'a trouvé la clé.
Cric ! Crac ! lo meu conte es acabat. Cric ! Crac ! mon conte est achevé.
Puis nous écoutons « Airolet » (Ariette de l’eau vive), « La ronda dels morts » ainsi qu’un poème interprété par « La Talvera », tiré du CD « Cançons del silenci ».
En 1943, Louisa fait paraître « Colombe de la paix », signe d’espoir pendant l’Occupation. Antonin Perbosc et Louisa Paulin décèdent tous deux en 1944.
Leur correspondance sera rassemblée et publiée.
En 2017 l’Université Paul-Valéry de Montpellier a rendu hommage à Louisa en publiant : « De la vie à l’œuvre – 1888/1944 » Notons que les textes de la poétesse sont utilisés pour enseigner l'occitan, et que sa notoriété a fait d'elle l'icône de la commune de Réalmont. Une plaque orne encore le premier étage d'un immeuble où elle vivait sur l'actuelle Place de la République, et plusieurs établissements portent son nom.
Cette belle journée s’est achevée par le verre de l’amitié permettant des échanges entre les participants : conférenciers et auditeurs.
Marie-France VAINGUER